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Channel: Serge Ayoub – La Horde
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Bouclay, journaliste TV d’extrême droite, « inflitré » sur la zad du Testet

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VA_06.11.14L’hebdomadaire Valeurs actuelles a consacré la une de son édition du 6 novembre 2014 à celles et ceux qu’il appelle « les enragés », c’est-à-dire les « anciens Black Blocs, anarchistes, écoguerriers, altermondialistes » à même de faire trembler son électorat de droite conservatrice et qui fait l’objet d’un dossier de huit pages. Rien de bien nouveau, les magazines de droite jouant régulièrement à se faire peur avec la « terreur gauchiste » depuis des décennies. Mais notre attention a été piqué par le reportage « inflitré » sur la Zad du Testet de Pierre-Alexandre Bouclay, journaliste également actif sur la webtélé d’extrême droite TV Libertés (sur laquelle nous allons nous attarder ici). Avis aux zadistes : cet individu n’est pas un camarade !

Pierre-Alexandre Bouclay

Pierre-Alexandre Bouclay, fier de lui sur TV Libertés…

On ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer : Bouclay « inflitré » sur la Zad ! Mais qu’a-t-il vu, et surtout qu’a-t-il compris ? Visiblement pas grand-chose… De l’expérience de vie collective, il ne retient que des « sauvageons vêtus de guenilles médiévales fantastiques », des filles « avec des poils sous les bras », des gens « pieds nus comme les Hobbits de Tolkien ». Du côté des idées, les revendications et aspirations des zadistes sont résumées en un mot, « altermondialisme », décrit comme « une sorte de méthadone pour vieux camés du marxisme ». Comment a-t-il réussi à récupéré ces informations aussi inaccessibles ? « La cannette de bière est le principal accessoire de notre déguisement. Il ne faut la lâcher sous aucun prétexte et toujours en offrir, pour dissiper les soupçons »… No comment.

VA-antiRomIl faut dire que Bouclay n’est pas vraiment un journaliste, mais plutôt un propagandiste d’extrême droite (il avait fait scandale avec un « reportage » sur le camp de Bouguenais qui reprenait tous les clichés racistes anti-Roms, déjà pour Valeurs actuelles). Invité régulièrement sur Radio Courtoisie, il est surtout un habitué d’une webtélé d’extrême droite, TV Libertés : il est d’ailleurs revenu sur son expérience sur la zad sur cette antenne, et fut présenté à cette occasion comme leur « spécialiste de l’infiltration et des reportages de terrain »…

Initialement intitulé « Notre Antenne », le projet d’une chaîne de télévision nationaliste et identitaire sur internet est lancé publiquement en septembre 2012 par Philippe Milliau, un ancien du Grece et responsable du Bloc identitaire (jusqu’à son éviction en mars 2012 pour s’être opposé à Philippe Vardon), et Gilles Arnaud, ex-Front national, désormais au Parti de la France de Carl Lang. On trouve d’ailleurs associé au projet un certain nombre d’anciens cadres importants du FN dans les années 1990 comme Yvan Blot, Jean-Yves Le Gallou ou Roger Holeindre. L’idée est de lutter contre « le multiculturalisme douteux », et « l’idéologie subversive et antinationale » des médias de masse qui font des Français des « proies consentantes des lobbies les plus hostiles à la France », suivez mon regard… On fait appel aux personnalités les plus racistes pour soutenir le projet : Jean Raspail, Renaud Camus (le promoteur de la fumeuse théorie du « grand remplacement »), Pierre Descaves (ancien de l’OAS et du FN), Robert Ménard et bien d’autres ; on fait surtout un appel au don, pour réunir 1,5 millions d’euros pour lancer la chaîne. Au final, le projet change de nom et devient en octobre 2013 TV Libertés, « la télévision de la droite de conviction ».

La fine équipe de TV Libertés : Philippe Milliau (A), Martial Bild (B), Arnaud Soyez (C), Élise Blaise (D), Nicolas Gardères (E).

La fine équipe de TV Libertés : Philippe Milliau (A), Martial Bild (B), Arnaud Soyez (C), Élise Blaise (D), Nicolas Gardères (E).

En plus des deux fondateurs, on retrouve à la tête de TV Libertés Martial Bild (ancien membre du bureau politique du FN qu’il quitte en 2008 pour le PDF) qui débauche des animateurs de Radio Courtoisie pour préparer les émissions. D’autres, comme l’éditeur Philippe Randa ou Caroline Parmentier (du journal national-catholique Présent), sont bien connus à l’extrême droite. Aussi pourrait-on s’étonner de la présence parmi les intervenants réguliers sur TV Libertés de Nicolas Gardères, un avocat qui affirmait en mars dernier avoir repris sa carte à Europe Écologie Les Verts et qui se prétend de gauche[1]. Pluralisme ? Pas sûr : avocat de Serge Ayoub dans l’affaire de la dissolution de troisième Voie suite à l’assassinat du jeune antifasciste Clément Méric par l’un de ses militants, Nicolas Gardères a aussi écrit la postface du bouquin de « Batskin » sur le sujet, ce qui va bien au-delà de son rôle de défenseur. Bien sûr, tout comme il avait défendu Dieudonné, c’est au nom de « la liberté d’expression », qui décidément a bon dos. Il a également assuré la défense de Riposte laïque, dont le président Pierre Cassen (qu’il trouve « sincère ») est d’ailleurs parrain de TV Libertés, comme quoi le hasard fait bien les choses.

Arnaud Soyez fait lui office de directeur technique : étudiant à Assas dans les années 1970-1980, il participe au journal satirique Jalons (à la rubrique « Nazisme et dialogue », ça ne s’invente pas). On le retrouve plus tard au Front national comme directeur administratif et financier du journal officiel du FN (Agir pour faire Front – Français d’abord !), puis comme délégué national à la propagande. Sur le plan électoral, il est tête de liste dans le Nord aux municipales 2001, et entre au bureau politique la même année. Enfin, on le retrouve responsable de la cellule “atelier multimédia” pour la campagne présidentielle 2002. Il a d’ailleurs fait une interview de Jean-Marie Le Pen à son domicile en mai dernier pour TV LIbertés, accompagné de la jeune présentatrice de la chaîne, Élise Blaise, auparavant sur la chaîne Équidia, avant de tourner casaque[2]. Aujourd’hui, à côté de son engagement à TV Libertés, Soyez travaille comme directeur artistique à In Lux, une agence de communication spécialisée dans le luxe, après avoir travaillé pendant 4 ans chez Yves Saint-Laurent (le France qui se lève tôt, quoi !).

Enfin, Marie-France Marceau est chargée de recueillir les dons gérés par ne Association de Soutien au Nouvel Audiovisuel (ASNA) qui loue les locaux pour les studios situés 15bis rue Danton au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). L’antenne a été ouverte le 30 janvier à 19h, et a su trouver son public (plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs) mais peine malgré tout à trouver un équilibre financier : avec un format et un habillage type TF1, le cœur de cible est plutôt âgé, pas forcément familier de la télévision sur internet…

Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un projet très professionnel, avec une équipe salariée : c’est que Gilles Arnaud est du métier. Comme le précise le blog Droites extrêmes dans l’article qu’il consacre à Notre Antenne, il dirige une boîte de production audiovisuelle, Agence2presse, très active dans la mobilisation contre le mariage pour tous et surtout très proche de Voix de la Russie, qui relaie la propagande de Poutine en France. Et c’est justement à ces deux thèmes que TV Libertés consacre l’essentiel de son temps d’antenne, avec l’objectivité qu’on imagine…

Toutes les « têtes » de la Manif pour Tous (MPT) ont des tribunes régulières, et la manif du 5 octobre dernier a fait l’objet d’une couverture totale. Les intégristes ne sont pas oubliés : le 7 mars 2014, Martial Bild organisait un « débat » entre Alain Escada de Civitas et Farida Belghoul, qu’on retrouvait deux mois plus tard côte à côte à la même tribune pour fêter Jeanne d’Arc à Paris. TV Libertés accompagne régulièrement sa lettre d’information Esprit Libre de tract de la MPT ou pour soutenir les chrétiens d’Orient.

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Dépliant de TV Libertés distribué le 5 octobre à la Manif pour Tous.

Pour ce qui est de la Russie, il était initialement prévu un partage des studios avec ProRussia.tv (dont la présentatrice n’est autre que la femme de Milliau). Cela ne s’est pas fait, officiellement pour se prémunir d’une ligne trop ouvertement pro-russe ; mais les partenariats avec l’outil de propagande de Poutine sont nombreux. Ainsi, on retrouve TV Libertés seule télé présente lors de la rencontre en septembre 2014 entre le président de le Douma Sergueï Narychkine (pourtant interdites de visa au titre des sanctions de l’Union européenne…) et le Dialogue Franco-russe, association présidée par Thierry Mariani qui avait pour l’occasion rassemblé des personnalités comme Nicolas Dupont-Aignan, Aymeric Chauprade (conseiller aux relations internationales de Marine Le Pen) ou le patron de Total Christophe de Margerie[3], tous habitués à cirer les bottes de Poutine. Par ailleurs, quand on voit que l’envoyé spécial de TV Libertés en Ukraine n’est autre… qu’un certain Pierre-Alexandre Bouclay, on imagine la qualité journalistique de ses reportages, s’ils sont à l’image de son pseudo-reportage sur la zad !

La Horde

  1. Nicolas Gardères nous a écrit pour nous assurer de son engagement sincère à gauche, et pour nous expliquer ne participer aux émissions de TV Libertés que pour avoir « l’occasion d’affronter frontalement les idées de l’extrême droite« . Nous lui accordons le bénéfice du doute : mais il ne peut pas nier que le mélange des genres se solde généralement chez celles et ceux qui le pratiquent par un égarement idéologique : sans même parler de Ménard, on peut penser à Chouard…
  2. OK, elle était facile, celle-là…
  3. à qui la Russie n’a pas porté chance, puisqu’il est mort quelques jours plus tard dans un accident d’avion sur l’aéroport de Moscou…

Réveillon chez les fafs : Le Crabe-Tambour invite le Local

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Logan Djian

Logan Djian

Il y a deux mois, nous avions évoqué, dans un article consacré à l’antisémite compulsif Hervé Ryssen, l’existence d’un bar nationaliste parisien, le Crabe-Tambour[1], ouvert par Logan Djian, un temps proche de l’Œuvre française. Ouvert depuis le mois d’octobre 2013, le Crabe-Tambour, situé dans les beaux quartiers du XVe arrondissement, est devenu un lieu de rendez-vous habituel pour les jeunes d’extrême droite de la capitale, prenant ainsi la suite du Local, fermé par décision administrative dans la foulée de la dissolution des différents mouvements de son tenancier, Serge Ayoub. Or le Crabe-Tambour et le Local invitent à fêter la nouvelle année ensemble : l’occasion pour nous de revenir rapidement sur ces deux lieux.

En haut, Ayoub (au centre) et ses petits jeunes de Troisième Voie (on reconnaît, deuxième en partant de la droite, Samuel Dufour, un des inculpés dans le meurtre de Clément Méric). En bas à gauche, Marine Le Pen (un papier pareil, on en trouve qu’au Local !) à la « French Pride » organisé par FdeSouche ; à droite, une conférence de Robert Ménard, actuel maire de Béziers, élu avec le soutien du FN.

En haut, Ayoub (au centre) et ses petits jeunes de Troisième Voie (on reconnaît, deuxième en partant de la droite, Samuel Dufour, un des inculpés dans le meurtre de Clément Méric). En bas à gauche, Marine Le Pen (un papier pareil, on en trouve qu’au Local !) à la « French Pride » organisé par FdeSouche ; à droite, une conférence de Robert Ménard, actuel maire de Béziers, élu avec le soutien du FN.

Après une première tentative en 2006 avec le bar rock « Le Garage », situé rue Saint-Maur dans le XIe arrondissement, Serge Ayoub s’entend avec Alain Soral pour ouvrir un nouveau local associatif avec le soutien financier de Chatillon, Gildas Mahé et Philippe Péninque. Pour ce faire, une vitrine légale est nécessaire, et un compromis est trouvé entre les anciens du GUD et les soraliens : Sighild Blanc, qui travaille pour la société Riwal de Chatillon, Ludivine Perigault et Julien Limes[2], gestionnaire de plusieurs business de Soral créent une association, Envie de Rêver, dont l’objet officiel est « la promotion des produits issus du terroir » (Ayoub pensait-il à ce propos à ses copains skins du Picard Crew ou du Front Comtois ?). C’est ainsi qu’en 2007, Le Local ouvre ses portes dans le XVe arrondissement. Assez rapidement, Ayoub s’embrouille avec Soral et récupère le lieu qui se peuple surtout de skinheads, assez logiquement vu le passé du gérant du lieu. Mais Ayoub a la bonne idée d’y organiser toutes sortes de conférences qui lui assure un public à la fois fidèle et renouvelé. Tout le monde y est le bienvenu, des royalistes aux nationalistes-révolutionnaires, en passant par des complotistes en tout genre, jusqu’aux cadres du FN ou du RBM (C. Bouchet, R. Ménard, PM Couteaux, P. Sautarel…).

Le Local devient ainsi un lieu incontournable pour le petit milieu nationaliste : mais suite à la dissolution de Troisième Voie, le mouvement créé en 2010 par Serge Ayoub[3], le Local est fermé par décision administrative.

Mais moins de trois mois plus tard, un nouveau lieu ouvre ses portes, prêt à accueillir le microcosme d’extrême droite parisien : le Crabe-Tambour, situé lui aussi dans le XVe arrondissement, à quelques centaines de mètres au sud du Local… Comme au Local, c’est un ancien du Kop de Boulogne qu’on retrouve derrière le bar : Logan Djian, dit « Duce ». Leader d’une des multiples reformations du GUD sur Paris, c’est assez logiquement pour fêter les 45 ans de ce groupe activiste étudiant que Logan organise dans son bar sa première « grosse » soirée, le 24 octobre 2013 (il récidivera un an plus tard, le 19 décembre de cette année, avec une « soirée de fin d’année du GUD).

Soirées Crabe_tambour

Pour le reste, la recette est à peu près la même que celle du Local, avec cependant des soirées souvent moins politisées, et un rythmes de conférences beaucoup moins soutenu. Le Centre de Réinformation Parisien, proche des nationalistes-révolutionnaires du MAS, y a déjà cependant organisé quelques rencontres, dont une en octobre dernier pour présenter Casapound, avec comme intervenant le porte-parole de l’organisation italienne  Sébastien de Boëldieu, par ailleurs proche de Frédéric Chatillon. À noter aussi, en novembre, une soirée avec des volontaires français partis se battre en Ukraine. Mais les intervenants sont parfois, comment dire… plus folkloriques !

Julien Glauzy et ses conférences au Crabe-Tambour… Alerte au fou !

Julien Glauzy et ses conférences au Crabe-Tambour… Alerte au fou !

Ainsi, à deux reprises, en janvier puis en novembre 2014, Djian a fait venir Laurent Glauzy, Blancy de son vrai nom, collaborateur occasionnel à l’hebdomadaire antisémite Rivarol, mais surtout auteur de solides ouvrages tels que Le Mystère de la race des géants, Extra-terrestres, les messagers du New Age et surtout Illuminati : de l’industrie rock à Walt Disney : les arcanes du satanisme. Dans ce dernier ouvrage, on apprend pêle-mêle que Jennifer Lopez est membre d’une secte vaudou, que Disney fait l’apologie de la pédophilie et du cannibalisme, que le philosophe Adorno a écrit la musique et les paroles des Beatles (vous savez, les inspirateurs du tueur en série sataniste Charles Manson), que le commerce de la drogue contrôlé par la CIA est au service des Illuminati (qui ont assassiné le rappeur Tupac qui avait tenté de les dénoncer), ou encore que Woodstock était non pas un concert hippie mais une messe satanique… Du lourd, on vous dit !

facebbok_AyoubCette année, Logan Djian et Serge Ayoub se retrouveront donc pour fêter la nouvelle année : « Batskin » en est tout émoustillé, et annonce le 24 décembre sur Facebook « nous rirons, nous boirons, et nous entrerons dans 2015 avec détermination et enthousiasme, car notre avenir commence à s’éclaircir. » Aurait-il une idée derrière la tête, comme celle de rouvrir son propre bar ? En effet, le Conseil d’État a annulé le 30 juillet 2014 la dissolution de l’association Envie de Rêver : elle pourrait donc être réutilisée ultérieurement… En tout cas, ce soir, l’ambiance risque d’être un peu particulière, entre le public très bourgeois du premier et les skinheads du second !

La Horde

En haut, le public du Local ; en bas, celui du Crabe-Tambour… Le choc des civilisations ?

En haut, le public du Local ; en bas, celui du Crabe-Tambour… Le choc des civilisations ?

  1. Un clin d’œil au film de Pierre Schœndœrffer, une référence pour les militants l’extrême droite, qui raconte, pendant la guerre d’Indochine, un épisode de la vie de Pierre Guillaume, un officier de la coloniale qui finira à l’OAS.
  2. Il est actuellement gérant de la maison d’édition de Soral, Kulture pour Tous.
  3. Ayoub s’est fait oublié ces derniers temps, mis à part quelques interventions lors de quelques meetings nationalistes, comme celui de Synthèse nationale.

Ayoub, le retour : vers une Troisième Voie… de garage

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Ayoub_a_pedalesSi des gens se demandaient où était passé Serge «Batskin» Ayoub ces derniers mois, la réponse est disponible sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Comme nous l’avions pressenti dans un article prémonitoire, après l’implication de ses petits camarades de Troisième Voie dans le meurtre de notre camarade Clément Méric en juin 2013, Ayoub a eu vite fait de troquer la panoplie du skinhead pour celle de l’amateur de deux roues, entraînant avec lui quelques fidèles lieutenants. Abandonnant l’étiquette « JNR », c’est donc désormais sous les couleurs du « Praetorians MC » qu’il mène ses activités, limitées pour le moment à quelques séances photos et un concert annoncé pour ce mois d’avril…

La rumeur tenace qui courait ces derniers mois parlant d’un repli stratégique vers un club de bikers était donc vraie. Serge et une partie de ses amis ont monté le club des Praetorians à Berzy-Le-Sec, dans l’Aisne. Club qui fêtera sa première année d’existence en organisant un concert le 25 avril 2015.

1. Pretorians1

localisationMoins glamour que le XVe arrondissement de Paris où se trouvait le Local, l’ancienne tanière d’Ayoub, situé au détour d’une route de campagne dans la banlieue de Soissons, ce nouveau lieu à la fois club et salle de concert n’est rien d’autre qu’un entrepôt plus proche du local à bestiaux (pour gros bœufs) que de la salle de réception… Espérons en tout cas que son avenir est annoncé par son environnement : sur la route dite « Les Marais » et à proximité de la rivière la Crise (ça ne s’invente pas !). Espérons également que les riverains ne laisseront pas une bande de nazillons recyclés prendre racine dans leur paisible campagne.

Source : REFLEXes

Source : REFLEXes

« Je ne crains personne en Harley Davidson »

Cette attirance pour le milieu du cuir, de l’huile et des grosses mécaniques n’est pas nouveau. Déjà au milieu des années 1990, suite à la mise en sommeil des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), lorsqu’il avait été contraint de se faire oublier et de prendre un peu de recul sur ses activités politiques, Ayoub avait choisi de se mettre au vert en se tournant vers les bikers, en ouvrant un commerce en rapport avec le milieu[1]. Lorsque dans les années 2000, après une éclipse de presque dix ans, il revient en France, c’est donc tout naturellement qu’il fait sa réapparition dans cet univers en ouvrant un bar à Paris, le Garage, rue Oberkampf, qui vise ouvertement cette clientèle. Il n’est pas rare de le croiser avec la tenue réglementaire de ce milieu : à cette période, il ne se gêne pas pour parler de « la révolution de comptoir des skinheads« , qu’il oppose aux bikers, « des vrais durs« . Mais ça, c’était avant de faire ressusciter les JNR en 2010…

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Régis Kerhuel, à gauche avec Christophe dit Koko un de ses vieux potes JNR, à droite exhibant fièrement son soutien aux Hell’s Angels

Serait-ce donc pour lui une espèce de monde parallèle ? Un autre « espace temps » lui permettant de se faire un peu oublier (tout en oubliant lui-même ses anciens amis) quand la justice s’approche un peu trop près ? Rappelons que lors de sa première période biker, début 2000, il avait dans la foulée lâché sans complexe son pote et alter-ego normand Régis « Madskin » Kerhuel, accusé d’avoir tué un Mauricien dans le port du Havre. Kerhuel et son co-accusé, Joël Giraud, un autre membre de la bande, étaient  deux skins originaires du Havre et membres des JNR. Depuis, coïncidence, Keruel a, lui aussi, rejoint une bande de bikers, les Hell’s Angels. Les grands esprits se rencontrent !

Ayoub rentre au stand

Synthèse nationaleCette fois encore, l’intérêt d’Ayoub pour les deux-roues coïncide étrangement avec la mise en examen de jeunes très proches de lui, accusés du meurtre du jeune antifasciste Clément Méric. Tout au long des années 2010, en relançant les JNR, Ayoub a élevé une nouvelle génération de petits pitbulls à grand coup de discours musclés, prônant le virilisme, le culte du corps et la violence, bien souvent fantasmés, et excitent les Morillo, Dufour et autres jeunes nazillons paumés du même acabit. Mais il ne compte pas assurer le service après-vente de ses délires guerriers : logiquement, comme par le passé, une fois les copains arrêtés, il se fait on ne peut plus discret, oubliant même Sebastien Deyzieu[2], laissant tomber les manifestations en sa mémoire, qu’il avait pourtant organisées les deux années précédentes. Ses dernières incursions en politique se limitent à une intervention en novembre dernier à la 7ème journée de Synthèse Nationale (une petite sauterie où se retrouvent tous les parias de l’extrême droite), ou son fameux communiqué (un des derniers de son éphémère mouvement Solidarisme) après les attaques de Charlie-Hebdo, dans lequel il conclu par un appel au vote en faveur de Marine Le Pen[3].

Nouvelle bande mais vieilles ganaches 

En haut, les Pretorians ; en bas, les JNR. Certains ont suivi leur chef : saurez-vous les reconnaitre ?

En haut, les Pretorians ; en bas, les JNR. Certains ont suivi leur chef : saurez-vous les reconnaitre ?

Mais revenons-en à notre sujet : bande de joyeux drilles, les Praetorians, où, en dehors d’Ayoub himself, nous retrouvons quelques têtes connues, dont de nombreux anciens JNR, eux aussi recyclés :

Dussauge

À gauche : Baptiste Déodati et Gilles Dussauge. En bas à droite, Dussauge chez les JNR en 1988 ; le même, en haut, dans les années 2010.

En tout premier, sans surprise, le fidèle Gilles Dussauge, dit « Grand Gilles »[4]. Anecdote amusante : comme on peut le voir sur la photo, Dussauge pose fièrement au guidon d’une Ural Pustinja, joyau de l’Armée rouge : d’autres que nous pourraient s’en offusquer, et auraient très certainement préféré le voir sur une bonne vieille BMW R-75 de la Wehrmacht… À ses côtés, Baptiste Déodati, un ancien du Kop Boulogne qui fréquentait le Local à sa grande époque.

Hugo_LesimpleOn retrouve aussi dans l’équipée sauvage Hugo Lesimple (attention : ce n’est pas un pseudo), un ancien du GUD version Édouard Klein, qui a ensuite rejoint Troisième Voie où il est vite monté en grade. Tout gominé de frais, celui-ci continue envers et contre tout à suivre son führer. Et donc logiquement il s’est mis à la motocyclette…

Christelle

Autre ancienne militante solidariste, « Kristine », alias Christelle Bédard, autrefois rousse et représentante avec Benoit Arcand de Troisième Voie Québec, a trouvé sa place sur le porte-bagage d’Ayoub. Comme on peut le voir sur la photo de droite, avant de jouer les modèles pour calendrier de routier, elle préférait le style «Ilsa louve des SS»… Toujours la grande classe !

autres

En haut, Fred : à gauche avec les Prétoriens du Sud, et à gauche avec Troisième Voie Hérault. En bas à gauche, on reconnait, derrière l’homme au tatouage sataniste, Esteban Morillo, assassin présumé de Clément Méric.

Brice Loiseau

Brice Loiseau

On y croise aussi d’autres anciens de Troisième Voie, présents lors des manifestations du 9 mai, comme le montre la galerie ci-dessus. Toutefois il y a tout de même aussi de jeunes recrues, comme par exemple cet ancien militaire et ancien skin de Reims, Brice Loiseau. Faut dire qu’il habite juste à côté… Esteban Morillo, qui lui aussi est quasiment un voisin, sera-t-il invité en souvenir du bon vieux temps ?

La Horde

  1. Ayoub n’est pas le seul skin eighties à s’acheter une moto. Ainsi, on ne compte plus le nombre d’anciens de cette période reconvertis chez les Hell’s Angels. on pense par exemple à Greg Zmora, ancien bonehead proche de Serge Ayoub, que l’on voit fanfaronner dans le DVD « Sur les pavés », se targuant de son passé mercenaire au côté de Bob Denard ; pourtant il semblerait qu’il n’a pas laissé un souvenir mémorable à ces anciens compagnons d’armes…
  2. Sébastien Deyzieu, militant à l’Œuvre Française, était tombé d’un toit, poursuivi par la police, lors de la dispersion d’une manifestation anti-américaine organisée le 9 mai 1994 par l’extrême droite radicale. La mort de ce jeune homme est alors récupérée par le GUD, les JNR, le Front National de la Jeunesse et l’Œuvre Française qui forment le Comité du 9 mai. Depuis, cette date est devenu l’occasion pour tous les mouvements d’extrême droite de manifester en plein Paris. De 2003 à 2009, des contre-manifestations antifascistes ont été organisées pour les contrer.
  3. « le Front National est, d’après moi, non pas la solution, mais le seul espoir de solution et de victoire. Votez FN. Ce sera un commencement ». Nous ne sommes pas pressés de voir la suite !
  4. Gilles Dussauge a appartenu à la bande de skins de Pasteur en 1982 puis ensuite au Klan et aux JNR. Il est le fidèle lieutenant de Serge Ayoub depuis des années.

Paris : ce week-end, c’est freakshow chez les fachos

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Comme chaque année, tous les affreux sont de sortie à Paris le deuxième week-end de mai. Petit aperçu de ce qui attend les malheureux touristes qui traîneront du côté du jardin des Tuileries ces jours-là…

Deyzieu09052015Ça commence avec la manifestation du 9 mai : en 1994, lors de la dispersion d’une manifestation anti-américaine organisée par plusieurs groupes d’extrême droite, Sébastien Deyzieu, un militant de l’Œuvre française, tombe du toit d’un immeuble alors qu’il était poursuivi la police. Cette date est devenue les années suivantes un prétexte que se donne l’extrême droite radicale pour défiler en toute tranquillité dans les rues de Paris avec drapeaux et insignes fascistes (plus d’information sur les manifs du 9 mai ici). L’an passé, alors que c’était les 20 ans de la mort de Deyzieu, il n’y eut pas de véritable manif, et c’est ce qui restait du GUD autour de Logan Djian qui assura le service minimum. Il semblerait cette année que la mobilisation risque d’être plus importante : on a pu voir en tout cas un collage tout le long du parcours de la manif du Premier mai du Front national invitant à renouer avec le trajet originel de la manif.

En effet, Entre 2010 et 2013, Serge « Batskin » Ayoub avait été l’organisateur de cette date et en avait déplacé le lieu (passant du quartier Port-Royal à celui d’Opéra) afin de pouvoir coller au fesses de la manifestation en l’honneur de Jeanne d’Arc organisée à la fois par l’Action française et l’Œuvre française à la même date. Mais après l’implication de ses militants (visibles en première ligne lors des manifs du 9 mai) dans le meurtre de Clément Méric, Ayoub est depuis revenu à ses amours tout chaîne tout cuir de sa jeunesse. Les militants de l’Œuvre française, estimant la manif pour Deyzieu débarrassée du « juif » Ayoub (c’est eux qui le disent), ont donc appelé cette année à rejoindre l’initiative après la tenue de leur « Forum de l’Europe », préparée dans la plus grande discrétion, et qui devrait rassembler des néofascistes de toute l’Europe, organisés au sein de l’Alliance for Peace and Freedom (APF).

apf-logoCe Forum de l’Europe parisien, sur le thème de « la répression anti-nationaliste », s’inscrit dans la continuité des réunions de l’APF qui se sont déjà tenues les mois passés. La première, en décembre dernier en Italie, dans un hôtel milanais, avait rassemblé selon la presse locale environ 300 personnes. L’AFP est présidée par Roberto Fiore, dirigeant du petit parti néofasciste Forza Nuova, et regroupe une petite dizaine de partis nationalistes, dont certains ont (ou ont eu) des élus au Parlement européen, ce qui leur a permis très officiellement de se réunir le 4 février à Bruxelles. S’y sont retrouvés les vieux potes de Jean-Marie Le Pen, Nick Griffin, ancien député britannique du BNP, Udo Voigt, député allemand du NPD et bien entendu Roberto Fiore, ainsi que des représentants de l’Aube dorée grecque, du Dans Karnas-Parti danois, de la Democracia Nacional espagnole ou encore des Belges de Nation. L’objectif de l’AFP est de « protéger, célébrer et promouvoir nos valeurs chrétiennes communes et le patrimoine culturel européen » et de s’opposer au « mondialisme sioniste » (sic) : normal que ce qui reste de l’Œuvre en devienne le représentant français. On devrait donc retrouver sur Paris ce week-end à peu près les mêmes participants (à l’exception du BNP) : Roberto Fiore bien sûr ; Manuel Canduela, président de Democracia Nacional ; Daniel Carlsen, chef du Dans Karnas-Parti ; Irène Dimopoulou-Pappa, directrice du journal d’Aube dorée ; Hervé Van Laethem de Nation ; Jens Pühse du NPD.

On prend les mêmes et on recommence
L'Œuvre française dans le cortège de Civitas, en mai 2014.

L’Œuvre française dans le cortège de Civitas, en mai 2014.

On est donc revenu cette année à la configuration traditionnelle : manifestation confidentielle le 9 mai organisée par « des camarades » anonymes mais derrière lesquelles on peut sans peine reconnaître le GUD, et trois défilés nationaux-catholiques le 10 mai autour de Jeanne d’Arc : l’an passé, on avait pu voir, à la queuleuleu, et bien séparés les uns des autres, l’Action française, le Renouveau français, les Amis de Pierre Sidos et ses pseudopodes (ce qui reste de l’Œuvre depuis sa dissolution) le matin ; et l’après-midi, c’était au tour des cathos intégristes de Civitas, avec en guest star Farida Belghoul, d’assurer l’animation. Plus de détails sur cette folle journée dans le compte rendu que nous en avions fait, à lire ici.

Jeanne10052015L’année dernière, les cortèges était plutôt clairsemés. Pourtant, cette année, les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands, avec des « animations médiévales » à partir de midi, avant la manif. Pour assurer la promotion, le site d’extrême droite Média-Presse-Info a demandé à des « personnalités » d’appeler à soutenir l’initiative. De façon assez cocasse, on peut ainsi entendre le gourou misogyne Alain Soral nous parler de « cet être surhumain » qu’est la Pucelle d’Orléans, réussissant à glisser comme de bien entendu quelques petites allusions antisémites, suivie de Marion Sigaut, qui nous explique que « pour que la France soit sauvée, il faut que des femmes se lèvent ». Fichtre, s’agirait-il d’une manif féministe ? Pas vraiment, car Sigaut complète : « les femmes ne sont pas là pour faire le travail des hommes, mais pour leur montrer leur devoir. (…) Quand les hommes n’y arrivent plus, c’est à nous les femmes, de les aider. » Question : y aura-t-il pendant la manif distribution de Viagra ?

Ensuite, plus classiquement, les fous de la messe prennent le relais : l’historien Pierre Hillard, qui nous révèle « ce que personne ne sait », même parmi les patriotes catholiques, à savoir que « le message premier » de Jeanne est de vouloir « restaurer la royauté du Christ sur la France » ; Béatrice Bourges du Printemps français (qui avoue prier Sainte-Jeanne d’Arc « tous les jours »), nous met en garde : « si ce n’est pas Dieu qui gouverne la Terre, alors c’est Satan » ; et enfin, Elie Hatem, candidat FN-RBM dans le IVe arrondissement de Paris lors des dernières municipales mais surtout cadre de l’Action française, y va lui aussi de sa petite litanie : pas de surprise pour nous, on l’avait déjà vu aux côtés de Civitas et de Jany Le Pen à la tribune d’une manifestation pour les Chrétiens d’Orient en septembre dernier.

Dieu leur avait envoyé la pluie l’an passé pour les éprouver : mais il serait peut-être temps que nous aussi on s’organise pour perturber leur petite fête…

La Horde

Les 9 et 10 mai, on a sorti les poubelles… de l’Histoire

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Le premier week-end après le Premier Mai est depuis de nombreuses années l’occasion pour l’extrême droite radicale de rassembler toutes celles et tous ceux qui trouvent la manifestation du Front national une semaine avant un peu trop molle : on en avait annoncé le programme la semaine dernière, en voici le compte rendu, qui montre d’ailleurs que, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, la frontière n’est pas toujours bien étanche entre la formation de Marine Le Pen et les nostalgiques de Vichy…

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Un événement qui est resté discret…

Samedi 9 mai au soir, le GUD version Logan avait décidé, sur la lancée du meeting de décembre 2014, d’organiser un événement unitaire, à savoir la commémoration en hommage à un militant nationaliste de l’Œuvre française, Sébastien Deyzieu, mort en 1994, hommage qui, avant sa reprise en main par Serge «Batskin »  Ayoub il y a quelques années, avait peu à peu disparu. Autant le dire tout de suite, si ce ne fut pas un échec complet, on ne peut pas parler pour autant de réussite. Vers 20h30, à peine plus de 150 personnes se rassemblaient derrière une banderole (la moyenne basse pour cet évènement) : visiblement, un certains nombre de « kamarades »avaient préféré aller au concert d’un vieux groupe de rock des années 1980 à l’Olympia…

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À gauche : en haut Pierre-Nicolas Nups, Pierre-Marie Bonneau, Sébastien de Boëldieu ; en bas, Steven Bissuel et Clothilde Marie-Jeanne, qu’on peut voir sur la colonne de droite, de haut en bas : avec le RF en 2014 ; dans la manif du 12 mai 2013 ; avec ses potes du GUD au Crabe-Tambour ; avec le Printemps français pendant les Manifs pour Tous.

On y a vu plein de visages connus : Pierre-Nicolas Nups de Lorraine nationaliste ; Pierre-Marie Bonneau, l’avocat des militants de l’OF ; Sébastien de Boëldieu, représentant de Casapound ; Steven Bissuel, responsable du GUD Lyon… Mais aussi des moins connues, comme Clothilde Marie-Jeanne, qui navigue entre le Renouveau français et le GUD, et qui est omniprésente depuis trois ans sur les initiatives nationalistes sur Paris : on l’avait vu invectiver les Femen lors de leur agit-prop’ contre la manif du 12 mai 2013, et au premier rang avec le Printemps français lors des incidents qui ont émaillé les Manifs pour Tous. C’est également une des habitués du Crabe-tambour.

On pouvait dénombrer une grosse quarantaine de militants du GUD, d’anciens JNR et Troisième Voie ainsi que quelques dizaines militants de l’Œuvre française (OF), facilement reconnaissables puisqu’ils étaient les seuls à être en costard (le look naziskin étant davantage prisé des manifestants) et qui arrivaient du Forum de l’Europe qui s’était tenu dans l’après-midi : une centaine de militants nationalistes s’étaient en effet rassemblés l’après-midi au Novotel du Pont de Sèvres, pour un meeting avec des invités étrangers dont certains resteront sur Paris pour l’hommage à Jeanne d’Arc le lendemain matin, notamment le danois Daniel Carsen, Irene Dimopoulou-Pappa, épouse d’un député grec emprisonné d’Aube Dorée, et Gonzalo Martin de Democracia Nacional, (un habitué des rencontres de l’OF puisque déjà présent il y a deux au Forum de la Nation à Lyon). Et n’oublions pas bien sûr l’Espagnol Alfredo Torresano, de la Phalange, que l’on peut voir fréquemment en France.

Epona, au premier rang du Premier Mai du Front national (A) et avec ses amies du FNJ (B), chanteuse du groupe Northmen Impact (C), était aussi là le 9 mai (D) et dans le cortège des Caryatides le 10 mai.

Epona, au premier rang du Premier Mai du Front national (A) et avec ses amies du FNJ (B), chanteuse du groupe Northmen Impact (C), était aussi là le 9 mai (D) et dans le cortège des Caryatides le 10 mai.

Le cortège était ouvert par Epona, chanteuse du laborieux groupe de RIF Northmen Impakt, dont certains membres, comme le guitariste Bruno Hirout, sont des militants du Parti de la France. Tout naturellement, nous l’avons recroisé le lendemain à la manif nationaliste l’Œuvre française, dans les rangs de Caryatides ; mais Epona était sur tous les fronts en ce mois de mai, puisque nous l’avions également aperçu le Premier mai 2015 dans le cortège FNJ à Paris (avec un petit passage sur la tribune !)… Enfin, pour finir avec le 9 mai, signalons que le dispositif policier était assez conséquent, avec bon nombre de civils qui cherchaient les antifas dans les rues voisines.

manif_OF_10052015Le lendemain matin, dimanche 10 mai, c’était au tour de ce qui reste de l’Œuvre française depuis sa dissoultion de se donner rendez-vous, non pas pour honorer la mémoire de leur militant mort il y a plus de 20 ans, mais celle de Jeanne d’Arc, disparue il y a presque 600 ans…Loin Deyzieu, loin du cœur !

CLAN_CaryatidesÀ 10h devant la Madeleine, se sont ainsi retrouvés environ 70 amis de Pierre Sidos, certains sous la bannière des pseudopodes de l’OF, comme les deux structures contrôlées par Laura Lussaud : le CLAN (un comitéde soutien aux nationalistes inquiétés par la justice) et les Caryatides, organisation féminine du mouvement, dont plusieurs membres, lors de la manif, ont cruellement souffert dans leurs escarpins, moins confortables que les chaussures de saut de leurs camarades masculins.

À propos de chant, voici un extrait d'un flyer distribué l'après-midi et appelant à la sauvegarde de la France… Mais pas de son orthographe !

À propos de chant, voici un extrait d’un flyer distribué l’après-midi et appelant à la sauvegarde de la France… Mais pas de son orthographe !

À 11h, tout ce petit monde s’est mis en marche, direction Jeanne d’Arc, dans une sorte de parodie de parade militaire, en rangs bien alignés (et aérés pour masquer leur faiblesse numérique), drapeaux à croix celtique au vent, derrière la banderole «À Jeanne d’Arc, les nationalistes reconnaissants». Pas de tracts, mais les sempiternels slogans « Que vive France ! », « Aujourd’hui l’anarchie, demain l’ordre nouveau », l’impayable «les Françaises aux Français », lourd de frustration contenue, et bien sûr le chant des Lansquenets («Et nos marches guerrières / Feront frémir la terre…», quels poètes !).

Dissidence_EdelweissPour accompagner l’OF, étaient présents comme l’année dernière une petite dizaine de militants de la Dissidence française de Vincent Vauclin, une cinquantaine de personnes emmenées par le Parti de la France (dirigé par Carl Lang, ancien n°2 du FN) parmi lesquelles Thomas Joly (secrétaire général) et Dominique Morel (qui vient de balancer des documents internes à la presse sur les magouilles du FN autour du kit de campagne), une poignée de skins d’Edelweiss Alsace, et les six hurluberlus, avec tenue camouflage, béret sur la tête et air bovin, du « réseau » France nationaliste de Thierry Maillard (visible et risible dans le documentaire de Canal+ « Violences d’extrême droite le retour »).

Pendant ce temps, mais partant de la place de l’Opéra, une centaine de royalistes de l’Action française défilaient eux aussi en direction de la statue de Jeanne d’Arc, derrière une banderole «Tout ce qui est national est nôtres», mais suffisamment vite pour arriver les premiers, faire leur petit discours et libérer la place à l’Œuvre, qui a dû patienter un peu avant de prendre possession de l’endroit.

Serge Ayoub s'est gaussé sur Twitter de la manif de l'Action française, qui lui a aussitôt cruellement rappelé que lui-même n'avait mis en son temps dans la rue que deux pelés et trois tondus (enfin surtout des tondus !!)

Serge Ayoub s’est gaussé sur Twitter de la manif de l’Action française, qui lui a aussitôt cruellement rappelé que lui-même n’avait mis en son temps dans la rue que deux pelés et trois tondus (enfin surtout des tondus !!)

BenedettiNotons au passage que l’un des cadres de l’AF, Elie Hatem, candidat FN aux municipales de 2014 sur Paris, est resté sur place faire un brin de causette à ses copains pétainistes. Se sont ensuite succédés àla tribune : Florian Rouannet, Vincent Vauclin, Alexandre Gabriac et Yvan Bendetti, ce dernier faisant, de façon inhabituelle, quelques allusions àla situation de Jean-Marie Le Pen pour lui marquer sa sympathie. À se demander si on ne verra pas, l’an prochain, « le Vieux »avec sa toute nouvelle formation annoncée le 11 mai renouer avec l’hommage à Jeanne d’Arc que le FN rendait aux côtés de l’extrême droite radicale, avant de décider en 1988 de défiler le Premier mai au matin. D’ailleurs, certaines têtes, bien en vue ce 10 mai, comme Epona et Elie Hatem évoqués plus haut, étaient également bien visibles dans le cortège du Front national la semaine dernière, preuve s’il en était besoin que Marine Le Pen est bien plus tolérante à l’égard des nostalgiques de Vichy qu’elle le prétend. Mais l’ombre du FN planait également l’après-midi sur le cortège de Civitas…

animations médiévalesCar l’après-midi, place Saint-Augustin, après quelques animations «médiévales » (on a eu un peu pitié des adeptes du cosplay natio, les Chevaliers teutoniques, avec leur casserole sur la tête, en plein cagnard, qui se frappaient mollement avec leurs épées), c’était au tour des nationaux-catholiques, à l’appel de Civitas, de battre le pavé. Le cortège était cette fois deux fois plus important, environ 400 personnes, toujours pour Jeanne d’Arc.

De haut en bas, et de gauche à droite : Stéphanie Bignon, Pierre Sidos, Roger Holeindre, Thibaut de Chassey, Jany Le Pen, Marie d’Herbais, Marion Sigaut, Carl Lang et Elie Hatem.

De haut en bas, et de gauche à droite : Stéphanie Bignon, Pierre Sidos, Roger Holeindre, Thibaut de Chassey, Jany Le Pen, Marie d’Herbais, Marion Sigaut, Carl Lang et Elie Hatem.

Avant la manifestation, le public a eu droit à différentes prises de parole. D’abord les habitués :  Pierre Sidos (qui nous a raconté l’histoire de sa famille), le sémillant Thibaut de Chassey pour le Renouveau français, et Roger Holeindre, du Cercle National des Combattants qui était surtout venu pour faire la promo de son bouquin Ça suffit ! (son discours était bien rôdé, puisque c’était le même au mot près que celui qu’il avait fait sur TV Libertés…). Mais se sont également exprimées Stéphanie Bignon, de la toute nouvelle association Terre et Famille (qui propose de «restaurer l’esprit médiéval de la France chrétienne », tout un programme) et la « spécialiste » autoproclamée de la Révolution française Marion Sigaut, qui était pour la première fois de la partie, émue aux larmes d’avoir enfin un public pour l’écouter…En revanche, plus aucune trace de Farida Belghoul : la tolérance religieuse et raciale dont avait fait preuve l’an dernier Civitas n’ayant pas étédu goût de tout le monde, l’expérience n’a pas étérenouvelée.

Quinones

En haut : Jean-Felix Quinones, candidat FN en 2014 et tapant une quenelle avec sa copine d’Herbes ; en bas, dans le service d’ordre du FN, le DPS, pour protéger Marion Maréchal-Le Pen.

Mais ce n’est pas tout : en gest-star, Jany Le Pen est elle aussi venue dire quelques mots. Accompagnée de Jean-Felix Quinones, membre du service d’ordre qu’on avait vu àla manif du FN le Premier Mai (encore !) assurer la sécurité de Marion Maréchal Le Pen, Jany a elle aussi fait allusion àla situation de son mari, plus contente d’être là qu’à« la triste fête »(pour reprendre ses propres mots) de la semaine passée… À ses côtés, Marie D’Herbais, ex-femme de Frédéric Chatillon et jusqu’à tout récemment au Front national, est venue défendre la question des Chrétiens d’Orient, récupérée par l’extrême droite dans sa lutte pour la rechristianisation du monde.

Enfin, derrière les Chevaliers teutoniques, tout ce petit monde est parti en cortège, regroupant au plus fort environ 1000 personnes. Derrière la banderole unitaire, tenue entre autres par Pierre Sidos, ont suivi les cortèges de l’Œuvre française, du Parti de la France, du Renouveau français et de Civitas. À l’arrivée, place des Pyramides, les discours du patron de Civitas, Alain Escada et de l’abbé Beauvais, exceptionnellement en France (puisque muté par la Fraternité Saint Pie X en Espagne), ont clôturé l’hommage à la Pucelle d’Orléans, décidément très courtisée.

A noter toutefois une erreur de casting au cours de la journée : la présence d’Alexandre Gitakos nous a effectivement surpris. Lui qui se revendique ultra-libéral, atlantiste et sioniste a dès son arrivée cherché à tout prix à saluer son amie Laura Lussaud, militante de l’OF, précédemment citée. Comment un soutien inconditionnel de l’État hébreu peut-il se retrouver au milieu d’antisémites notoires, et se sentir proche d’une militante qui quelques heures plus tôt beuglait avec ses camarades « Israël assassin, américains complices » ? Mais il est vrai qu’après avoir assisté à la réconciliation de Kim, ex chasseur de skin et de Serge Ayoub, on peut s’attendre à tout… D’autant que Gitakos nous avait déjà habitué à ses grands, très grands écarts idéologiques, lorsqu’au début des années 2010, il faisait des allers-retours entre l’UNI, le Gud et France-Israël, l’association de Gilles William Goldnadel !

Ce week-end a donc été l’occasion de faire le bilan de santé des groupes à la droite du FN. Les trois premiers événements du week-end (Forum de l’Europe, manif pour Deyzieu et l’hommage à Jeanne d’Arc de l’œuvre française) n’ont guère rassemblé qu’une grosse centaine de personnes : le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait pas foule. Seuls les nationaux-catholiques ont encore la capacité de mettre un millier de gens dans la rue, ce qui est à la fois trop et bien peu comparativement à ce qu’ils pouvaient espérer tirer des mobilisations contre le mariage pour tous des années 2013-2014.

La Horde

Les « rebelles » d’extrême droite… à la solde du système

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Les récentes accusations concernant la place de Claude Hermant dans un trafic d’armes et ses éventuels liens avec des services policiers, nous permettent de revenir sur un phénomène qui n’a pas été assez mis en lumière : l’implication de militants d’extrême droite dans des opérations de police, que l’on peut qualifier sans soucis de barbouzardes. Derrière la posture de rebelle de chaque militant d’extrême droite, se cache un homme ou une femme prêt à tout pour servir la réaction et l’Etat. Pour rappel, voici quelques exemples sur les dernières décennies de militants d’extrême droite en service commandée.

Le militant nationaliste a toujours eu une fascination pour l’armée et la police, même les plus rebelles. C’est sans doute ce qui explique la facilité avec laquelle différents services de police ont toujours pu recruter dans le vivier nationaliste. Qu’il soit manipulé ou recruté, le militant nationaliste se place toujours du côté de la réaction et de l’ordre établi.

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En mai 68, lorsque les affrontements éclatent dans les rues du Quartier latin, les militants d’Occident, qui n’hésitaient pas quelques jours plus tôt à cracher leur haine du pouvoir gaulliste, se rangent dans leur immense majorité derrière le pouvoir pour participer aux opérations de répression sur les barricades ou renseigner la police et le SAC sur les identités et adresses des étudiants d’extrême gauche. Ils sont d’ailleurs de la grande manifestation du 30 mai 1968 sur les Champs-Elysées pour soutenir De Gaulle. Preuve de cette soumission au pouvoir en place, Occident sera épargné lors du décret de dissolution du 12 juin 1968, le ministre de la justice de l’époque René Capitant, expliquant à la presse que « le mouvement Occident (…) ne s’est pas dévoilé comme un mouvement subversif ».

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En 1970, Gilbert Lecavelier[1], sur la demande des RG, intègre le service d’ordre d’Ordre Nouveau. Les dirigeants de ce mouvement acceptent sans hésiter, Lecavelier étant bien connu à l’extrême droite pour ses liens avec les services de police. Ils espèrent ainsi avoir des informations de la part de la part des RG ou de l’aide en cas d’arrestation d’un militant. Gilbert Lecavelier se présente à Jean-Claude Nourry[2], chef du SO d’ON le 26 février 1970 en ne cachant pas sa mission, à savoir infiltrer ON pour les RG, récupérer les informations sur les militants nationalistes qui composent le mouvement et accéder aux archives d’Ordre Nouveau sur les mouvements d’extrême gauche. En échange Nourry et Lecavelier tombent d’accord pour que le mouvement soit protégé sur certaines opérations et certains services.

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Gilbert Lecavelier au centre, dans l’émission Droit de réponse.

Lecavelier monte donc un service de renseignements sur l’extrême gauche en utilisant les militants d’ON au service de l’Etat. En échange ON concentre son action et son militantisme contre les syndicats et militants d’extrême gauche, bénéficiant de la complaisance de la police en cas d’arrestation. Informations récupérées par Lecavelier qui seront également disponibles pour certains services secrets européens. Les militants d’Ordre Nouveau, via l’ETEC (officine parallèle du SAC dirigé par Lascorz[3], pour lequel travaille Lecavelier) vont également faire le service d’ordre et des actions « parallèles » pour déstabiliser des candidats de gauche sur ordre de la droite au pouvoir.

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Ordre nouveau organise en 1973 un meeting intitulé « Halte à l’immigration sauvage », qui sera le cadre d’affrontements avec les militants de la Ligue Communiste et différents groupes antifascistes. À cette occasion, les RG et Lecavelier aident ON à déménager et cacher les armes du mouvement avant la « perquisition officielle » du mouvement devant les caméras de télévision et le ministre de l’Intérieur. Déménagement qui prend plus de temps que prévu, puisque les policiers et le ministre ont la surprise de découvrir des armes oubliées par « les déménageurs », pressés par le temps[4].

 

Ordre Nouveau au Palais des Sports en 1971, par Marc Noé 1

René l’élégant, de son vrai nom René Resciniti de Says, membre de l’Action française, pro-Algérie française, se met à plusieurs occasions dans le rôle d’homme de main de l’Etat pour exécuter ses basses œuvres, en travaillant pour Bob Denard, en faisant le service d’ordre pour Giscard et surtout en remplissant des contrats pour assassiner des militants d’extrême gauche à la demande du SAC, dont Henri Curiel et Pierre Goldman[5].

En 1986, les étudiants manifestent contre la loi Devaquet. Serge « Batskin » Ayoub, entouré des skins nazis de sa bande et de membres du GUD, attaque les manifestations d’étudiants puis se replient derrière les cordons de policier en toute tranquillité. Une équipe de télévision à l’époque filme les faits.

Le PNFpnfe8mai1988E. Le parti de Claude Cornilleau, qui avait pour objectif d’infiltrer la police, via le syndicat FPIP en autre, comptait tellement de membre des forces de l’ordre dans ses rangs qu’il était difficile de savoir si c’était l’Etat qui infiltrait le PNFE ou l’inverse. Dans tous les cas ce parti adepte de la stratégie de la tension, dont les membres ont commis plusieurs attentats à la bombe, avait reçu une formation dans la manipulation des explosifs de la part … d’un militaire en fonction au moment des faits.

ftp-fnj-2-7148aLors du mouvement étudiant contre le Contrat Première Embauche (CPE) en 2006, le FNJ et différents membres de groupuscules comme le Renouveau Français, parviennent à se rendre à pied, dans le quartier de la Sorbonne, quadrillé depuis des semaines par les forces de l’ordre, devant la place de la Sorbonne pour attaquer un rassemblement de grévistes. Après les affrontements, ce groupe se retire sans problèmes derrière les lignes de CRS tandis que les étudiants grévistes ont droit à des tirs de flash-ball des policiers pour les empêcher de poursuivre les petits rats noirs.

La Horde

  1. Cet ancien parachutiste et membre du SAC, rejoint le Front national au début des années 1980 et a été l’un des cadres du service d’ordre du parti, bien avant qu’il ne soit renommé DPS.
  2. Jean-Claude Nourry a participé à la fondation d’Ordre Nouveau dont il devient rapidement le responsable pour le Service d’Ordre. Favorable à l’activisme il quitte ON à la création du Front National et rejoint les solidaristes pour former le Groupe Action Jeunesse, le GAJ. Il réintégrera  le FN en septembre 1977 pour prendre des responsabilités au FNJ. Entre temps il a été recruté par Pierre Sergent, ex OAS, pour faire le SO lors de la campagne présidentielle de Giscard en 1974. Il participera également aux milices patronales chargées de repérer les syndicalistes et leaders d’extrême gauche dans les usines automobiles dans les années 70 afin de les « neutraliser ».
  3. Charlie Lascorz, va créer dans les années 70 un SAC parallèle, qui lui sera complètement inféodé. Spécialisé dans l’extorsion de fons via l’ETEC, il donnera également dans l’infiltration des mouvements sectaires et templiers.
  4. Pour plus de détails sur cette mission de Lecavelier : Aux ordres du S.A.C. Gilbert Lecavelier Albin Michel,  P75 à 85
  5. Christian Rol, Le roman vrai d’un fasciste français : Vie et mort de l’homme qui tua Pierre Goldman et Henri Curiel, La Manufacture de livres,coll. « Documents »,‎ 2015. A note que le livre tient plus de l’hagiographie que de l’enquête documentée. Rien de bien surprenant quand on sait que l’auteur était déjà responsable du livre sur Maxime Brunerie.

Bourges : Les amis nazis de la responsable du FNJ

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Le 9 novembre prochain, Marine Le Pen se rendra à Bourges, au Palais d’Auron, pour l’unique meeting organisé par les candidats frontistes de la région dans la perspective des élections régionales de décembre. Pour préparer l’événement, on peut compter sur la tête de liste Philippe Loiseau bien sûr, mais aussi sur toute la nouvelle génération de militants frontistes qui ne manqueront pas d’entourer leur chère présidente à la tribune. Ce qu’on se demande, c’est si Julie Apricena, la secrétaire départemental du Cher du FNJ, invitera aussi ses amis néonazis à venir lui serrer la main…

Interrogée la semaine dernière à Besançon sur la présence de néonazis au sein du FN, Marine Le Pen a déclaré : « Pour moi, des personnes qui s’autoproclament néonazis, je n’accorde pas la moindre autorité à leur parole, la moindre, par conséquent, si ces personnes disent cela, c’est parce qu’ils ont une volonté de nuire au Front national ». Difficile de la croire quand on voit le profil de la secrétaire départementale du FNJ qui l’accueillera à Bourges le 9 novembre prochain.

Julie Apricena côté pile…

Julie Apricena côté pile…

Julie Apricena, née en novembre 1991, fait en effet partie de ces jeunes militants FN que le parti aime à mettre en avant, afin de rajeunir son image : tout sourire sur les affiches aux élections départementales et cantonales, on la retrouve régulièrement aux côtés de Philippe Loiseau, et elle pose fièrement avec les principaux responsables du FN, toutes tendances confondues, de Bruno Gollnisch à Florian Philippot.

Julie croix celtique

… Et Julie Apricena côté face, avec son joli t-shirt à la gloire de la race blanche !

Sympas, les copains de Julie, mais pas trop "Philippot compatibles" !

Sympas, les copains de Julie, mais pas trop « Philippot compatible » !

Mais cette ancienne militante du Bloc identitaire connue sous le pseudonyme de Laura Dupond a aussi un côté obscur, peu conforme aux canons frontistes actuels : car elle aime à passer du temps avec des néonazis du 58, à Nevers et Garchizy, comme son copain Alexandre Talbot, alias Alex Berry, proche de l’Avaricum SkinHead Crew (ASHC). Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on a pu constater une certaine proximité entre le ASHC et le Front national, puisque au moins deux de ses membres, Mickael Renuy et Michael Canot, ont assuré la protection rapprochée de Marine Le Pen en novembre 2014 lors de ses déplacements en Bourgogne (voir la vidéo réalisée par le groupe antifasciste la RAFI).

Legentil, Julie le trouve sympa

Sébastien avec Julie Apricena (à gauche) et avec Serge Ayoub (à droite).

Sébastien avec Julie Apricena (à gauche) et avec Serge Ayoub (à droite).

Le t-shirt de Julie à la gloire de la suprématie blanche, c’est peut-être d’ailleurs un de ses autres amis néonazis, Sébastien Legentil, qui lui a commandé sur internet, lui qui gère un site de vente en ligne de babioles fascistes[1]. Ce Legentil n’est d’ailleurs pas pour nous un inconnu : alors que Julie n’était encore qu’une enfant, dans les années 1990, notre skinhead réalisait déjà un fanzine de musique néonazie, Sound of Hammer, et traînait dans la mouvance nationaliste, en particulier autour de la revue Réfléchir et Agir et du groupuscule nationaliste-révolutionnaire Unité radicale, dont certains dirigeants, comme Fabrice Robert, fonderont en 2002 le Bloc Identitaire[2].

Legentil_musique

À gauche, Legentil pousse la chansonnette avec son groupe Wolfsangel ; à droite, la camelote d’extrême droite qu’il diffuse sur son site de vente en ligne.

Legentil a d’ailleurs fait venir dans la région Fabrice Robert et son groupe de RAC[3] Fraction Hexagone en octobre 1995, pendant le Printemps de Bourges. Notre mélomane s’est ensuite rapproché de Terre & Peuple, tout en poursuivant ses activités musicales, en devenant le chanteur (catastrophique) du groupe de metal Wolfsangel, dont le nom désigne un symbole utilisé par la division SS Das Reich, repris fréquemment par des groupes d’extrême droite, comme Svoboda en Ukraine, par exemple. La tête de liste FN Philippe Loiseau, qui faisait partie dans sa jeunesse du groupe de hard rock Les Déglingués (en référence à la Souris déglinguée ?), appréciera-t-il la douce poésie des paroles de Wolfsangel :  « Pas d’pitié, pas d’pardon / Mais une juste pendaison / Envahisseur quitte ce pays / Ou tu y perdras la vie » ?

Front des PatriotesDernièrement, Legentil a participé à un groupe de « nationalistes autonomes » (comprendre : des skins fafs sans amis) appelé le Front des Patriotes, et qui regroupait principalement des militants de Limoges et de Bourges, dont Loic Delboy, responsable en France du réseau néonazi Blood & Honour. Le groupe a participé, en 2013-2013, aux marches parisiennes organisées le deuxième week-end de mai par Serge Ayoub, dirigeants du groupuscule Troisième Voie, auxquels appartenaient les responsables de la mort du jeune antifasciste Clément Méric.

Une histoire de famille

Pierre Apricena avec le patron national du FNJ, Gaëtan Dussausaye (à gauche) ; en train de taper une quenelle ; avec sa sœur Julie, et son copain Alexandre (dans le fond).

Pierre Apricena avec le patron national du FNJ, Gaëtan Dussausaye (à gauche) ; avec sa sœur Julie, et son copain Alexandre (dans le fond).

Mais dans la famille Apricena, l’extrême droite, on a ça dans le sang, et Julie n’est pas la seule à avoir de drôles de fréquentations. Son frère Pierre Apricena, pourtant le plus ambitieux du groupe, tête de liste FN aux élections municipales de 2014 à Garchizy dans la Nièvre (il obtiendra 266 voix au second tour, une vraie star), n’hésite pas à taper de temps en temps une petite quenelle, le geste popularisé par l’antisémite Dieudonné.

Somazzi ApricenaLa grande sœur, Kathy, n’hésite pas non plus à s’afficher avec des militants de l’extrême droite radicale, comme le montre cette affiche pour les élections départementales de 2015, dans le canton de Fourchambault, avec Stéphane Somazzi, candidat du Bloc identitaire aux cantonales de 2011. L’intégration de militants de l’extrême droite radicale dans la région est d’ailleurs une habitude : Damien Baudry, lui aussi du Bloc identitaire, partageait déjà l’affiche de la candidate FN Valérie Renard aux municipales de 2014, et celle de la candidate FN Jennifer Verrain aux départementales de 2015.

Marine Le Pen aura plein de choses à discuter avec la jeune Julie : nous, on attend avec impatience les photos où on pourra les voir bras dessus, bras dessous !

La Horde

 

  1. Comme il faut bien vivre, notre auto-entrepreneur anime le site de vente en ligne Martel en Tête, qui diffuse la revue Réfléchir & Agir, de la camelote néonaze et des t-shirts bien dégueulasses, avec cependant des slogans étonnants (« pas de justice, pas de paix ») et des visuels empruntés aux antifas.
  2. Suite à la dissolution du groupuscule après la tentative d’assassinat du président Jacques Chirac par un jeune militant nationaliste, certains dirigeants d’Unité radicale en profitent pour « rénover » et moderniser leur façon de faire de la politique en lançant un mouvement qui se veut différent de l’extrême droite traditionnelle : les Identitaires.
  3. RAC pour Rock Against Communism : appellation apparue à la fin des années 1970 en Angleterre et donnée aux groupes et concerts de skins et militants d’extrême droite.

Ayoub et sa bande bien installée dans la campagne picarde

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pitbullfarm concert Berzy 24 09 2016Il y a un peu plus d’un an, Serge Ayoub et une partie de sa bande se reconvertissaient pour former un club de motards, les Praetorians. Depuis la fermeture du Local à Paris, ils ont donc pu continuer leur petit business à la campagne, loin de la vie parisienne, là où ils peuvent encore mener leurs activités sans trop de problèmes. Plusieurs concerts ont été organisés dans un hangar de Berzy le Sec (02, Picardie), où ont été conviés des groupes de la scène RAC (Rock Against Communism), comme les Pitbullfarm en septembre prochain. Dans le même temps l’actu locale déplorait en juin la multiplication d’inscriptions nazies, à Laon une ville voisine.

Même si les Praetorians ont essayé d’attirer à eux un public différent de leur style de musique habituel, avec des soirées techno hardcore et métal, c’est avec le RAC qu’ils se sentent le plus à l’aise. Depuis leur ouverture au public, ils organisent régulièrement des concerts avec des groupes actifs dans la scène RAC européenne, certains d’entre eux se produisant même pour certaines organisations comme les chapitres européens de Blood & Honour.[1]

Ayoub et une parti de sa bande

Ayoub et sa bande de motards en promenade discréte

Mais Serge Ayoub se fait discret ces derniers temps, depuis qu’il a été mis en examen pour complicité de tentative de meurtre et placé sous contrôle judiciaire (source Courrier Picard). Ses ennuis avec la justice font suite au démantèlement l’an passé d’un groupe de militants d’extrême droite, qui avaient constitué le WWK (White Wolfs Klan), dont les membres sont poursuivis pour tentative de meurtre, agressions, cambriolages et incendies. Il réunissait des picards, qui se trouvaient à environ une heure de route du local des Praetorians, et qui avaient un local dans la Somme à Estrées-Mons. « Ces camarades dans la Somme », comme les appelait Ayoub, fréquentaient régulièrement le Local, son ancien refuge à Paris. Pour autant cela ne l’a pas empêché de continuer ses activités politiques en sortant son journal Salut Public en novembre et de participer aux journées de Synthèse Nationale en fin d’année aux cotés d’autres membres des Praetorians.

Ils s’amusent les bikers de Berzy

Lemovice à Berzy en novembre 2015

Concert des Lemovice au local des Praetorians

Même si les concerts au local des Praetorians à Berzy le Sec n’attirent pas la foule, c’est toujours un moyen de remplir les caisses du local, surtout avec un public venant d’Allemagne, de Belgique, des Pays Bas ou du nord de la France. En une année, ils ont pu accueillir plein de petits groupes de la scène RAC, qui tournent surtout dans les concerts Blood & Honour en Europe. En juillet 2015, un groupe allemand de Brême – Endstufe – était passé faire une prestation. Ce vieux groupe néonazi est un habitué de ce genre de concert. Les mois qui ont suivi, ce sont des groupes anglais, Code 1 et Tattooed Mother Fuckers, un autre vieux groupe lui aussi habitué des saluts nazis. Plus récemment, en mai, ce sont les Battle Dogs qui étaient invités (ils avaient joué en 2014 près de Lyon, pour Blood & Honour Héxagone).

En groupe francophone, en novembre, c’était le tour du groupe de RAC de Limoges, les Lemovice. Le groupe Lemovice s’est formé à l’origine à la fin des années 90 et est aujourd’hui l’un des groupes RAC français les plus actifs, avec plusieurs concerts à l’étranger. Très lié au Front des Patriotes[2], Lemovice a également un pied dans la scène NSBM (National Socialist Black Métal) puisqu’une bonne partie des musiciens du groupe viennent de cette scène.

Le prochain concert verra donc venir les Pitbullfarm. Alors que la plupart du temps, les lieux de concert de ces groupes de musique sont tenus secrets, les Praetorians les annoncent publiquement en toute tranquillité.

Les Pitbullfarm

chanteur Pitbullfarm

Le chanteur des pitbullfarm Jocke Karlsson

pitbullfarm en Slovénie pour B&H

Les Pitbullfarm en concert en Slovénie pour Blood & Honour

pitbullfarm pour B&H 04 04 2016

Concert Blood & Honour Hexagone en avril 2015

Ce groupe suédois, de « psychobilly » comme ils se définissent, fréquente nombre de concerts Blood & Honour en Europe. Son chanteur Jocke Karisson annonce la couleur en arborant en concert son tatouage avec une croix gammée. En 2015, ils ont fait deux concerts dans l’hexagone, tout d’abord en mars pour la branche française des Hammerskins, le Crew 38, encore en Picardie, dans la Somme à Cerisy Gailly. Les Pitbullfarm avaient aussi joué pour Blood & Honour dans la région de Lyon (avril 2015), aux cotés de Lemovice et Tattooed Mother Fuckers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la région un public à l’écoute du discours d’Ayoub

liesse notre dame 21 06 2016

Tags nazis à proximité de Laon le 21 juin

Il y a 3 ans, notre camarade Clément Méric était assassiné par des personnes proches de Serge Ayoub, qui fréquentaient son Local à Paris, dont Esteban Morillo, l’un des prévenus, qui est originaire d’un village tout proche de Berzy le Sec. On a pu voir aussi le WWK, tout proche aussi, se gorger des paroles d’Ayoub en étant régulièrement au Local. Depuis début juin, à Laon à un peu plus d’une demi-heure de route du local des Praetorians, des tags nazis se multiplient dans la ville et aux alentours. En effet, plusieurs fois des croix gammées et des sigles SS ont été renouvelés, notamment sur l’immeuble hébergeant 25 familles afghanes. On peut s’attendre à retrouver les auteurs de ces inscriptions au concert des Pitbullfarm en septembre.

Fachos hors de nos campagnes !

La Horde

  1. Sang et Honneur en français, la devise des jeunesses hitlériennes. la principale activité de B&H étant d’organiser des concerts de RAC, pour Blood &Honour Hexagone certains de ses membres ont été mis en examen pour “association de malfaiteurs, acquisition, détention et cession d’armes en bande organisée et participation à un groupe de combat” en mars 2016.
  2. Un groupe de “nationalistes autonomes” (comprendre : des skins fafs sans amis), qui regroupait principalement des militants de Limoges et de Bourges. Le groupe a participé, en 2013, aux marches parisiennes organisées le deuxième week-end de mai par Serge Ayoub, alors qu’il dirigeait le groupuscule Troisième Voie

Xe journée de Synthèse nationale : plongée dans le marigot de l’extrême droite radicale

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Lu sur le blog de la commission antifasciste du NPA :

Xe journée de Synthèse nationale : plongée dans le marigot de l’extrême droite radicale

En 2006 la revue Synthèse nationale livre son premier numéro à l’initiative de Roland Hélie. Celui-ci est un vieux routier de l’extrême droite : ancien membre d’Ordre nouveau, du GUD, dirigeant du Parti des Forces nouvelles, il a fait des aller et retours au Fn et a participé à divers groupuscules (Espace nouveau, Mouvement d’ Initiative populaire, Alliance populaire, Parti national républicain).

Pourquoi lancer une nouvelle revue ? Roland Hélie explique les tenants et les aboutissants d’une telle entreprise : « partant du constat que les forces nationales étaient alors morcelées et parfois même antagonistes, nous avons essayé d’introduire dans notre famille d’idées un nouvel état d’esprit. Il s’agissait de faire en sorte que les différentes composantes de ce que nous appelons « le mouvement national », au sens large du terme, agissent vers le même objectif. (…) Combattre le mondialisme destructeur des identités et des nations. ( … ). Pour une France française dans une Europe européenne. Pour une offensive nationale et identitaire ».

La revue est complétée par les Cahiers d’Histoire du nationaliste (qui s’inspirent des Cahiers d’Histoire du Fascisme de François Duprat dans les années 70). Le catalogue est sans appel. Parmi les numéros publiés : Léon Degrelle (ex chef de la division Wallonie des SS belges ), François Duprat, Jacques Doriot et le PPF, le PFN, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Jean Mabire, éveilleur des peuples, la Croix celtique, le NSDAP, Drieu la Rochelle, le Français d’ Europe… et la collection des Bouquins de Synthèse nationale qui comprend entre autres titres : Dominique Venner, Présent !, Dominique Venner, soldat politique, Salazar le regretté, Bardèche et l’Europe , Pourquoi la Syrie baasiste plutôt que l’État islamique. Bref tout un appareil pour mener à bien « le combat identitaire » et la reconquête idéologique.

Les journées de Synthèse nationale, c’est un peu la foire-fouille des groupuscules d’extrême droite. L’offre est large et radicale. C’est aussi un rendez-vous des anti-marinistes et des fascistes de tout poil.

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La tribune du meeting central de gaude à droite : Filip Dewinter (député belge du Vlaams Belang) – Jean-Paul Chayrigues de Olmetta (président des Amis de Synthèse nationale) – Jean-Marie Le Pen – Roland Hélie (Synthèse nationale) – Roger Holeindre (Cercle national des Combattants) – Carl Lang (Parti de la France). D.R.

La revue a donc fêté ses dix ans le 2 octobre dernier. Différents forums étaient organisés : « forum des initiatives, forum sur l’identité » et clou de la journée un meeting central avec comme invité d’honneur Jean-Marie Le Pen, qui depuis son exclusion du Fn est prêt à sauter sur toutes les estrades où il est convié à s’exprimer.

Ont participé aux divers forums : Serge Ayoub (ex skinhead et chef des ex JNR), Richard Roudier de la Ligue du Sud, Pierre Cassen de l’association islamophobe Riposte laïque, Pierre Vial de la revue païenne et identitaire Terre et Peuple, Alain Escada du mouvement catholique intégriste Civitas, Roger Holeindre ex membre du Fn et patron du Cercle national des Combattants, Carl Lang du Parti de la France…

Du côté des « camarades européens » étaient présents Hervé Van Laethem du groupe fasciste belge Nation, Gabriele Adinolfi ancien dirigeant des fascistes italiens de Terza Posizione et partisan dans les années 70 de la « stratégie de la tension » en Italie : une figure de référence pour l’extrême droite italienne et européenne. Également présent, Filip Dewinter député du Vlaams Belang au Parlement belge.

Dans les allées de l’Espace Jean Monnet (un comble pour les nationalistes) différents stands d’éditions, d’associations et de groupuscules s’étaient installés. Le Parti nationaliste français (cache-sexe de l’ Œuvre française dissoute par le gouvernement) qui réclame la translation des cendres de Pétain à Verdun, les pétainistes nostalgiques de l’Association de Défense du Maréchal Pétain (ADMP), le groupuscule Dissidence française qui « est une communauté de combat des Hommes debout au milieu des ruines (référence au théoricien fasciste Julius Evola) contre la République des partis, des loges et des lobbies… pour l’unité nationale et l’identité ethnoculturelle du peuple français et la défense du sang et du sol… ».

Le Parti de la France avec Carl Lang et Thomas Joly, le Cercle national des Combattants, le Groupe Nation, les revues Terre et Peuple et Réfléchir et Agir, les éditions Dualpha et Philippe Randa, Synthèse nationale avec Jean-Claude Rollinat (ex FN) et Didier Le Cerf (ex PFN) étaient également de la partie ainsi que TV Libertés, WebTV fondée en 2014 par Philippe Miliau (ex GRECE, ex Bloc identitaire ) et qui défend « la culture et l’ esprit français au cœur des nations européennes » : Jean-Yves Le Gallou, Alain de Benoist , Martial Bild, Robert Ménard y animent diverses émissions auxquelles ont participé Alain Sanders de Présent, Renaud Camus, le théoricien du « Grand Remplacement ». Pour aider à son lancement, TV Libertés a vraisemblablement reçus quelques roubles poutiniens.

Un bouquiniste proposait quant à lui les œuvres de Degrelle, Mein Kampf, A. Hitler chef d’État, chef de guerre et des écrits négationnistes de Paul Rassinier et consorts.

Au hasard des flâneries, on pouvait croiser Thierry Maillard (ex Œuvre française, viré du Fn, admirateur de Doriot et fondateur de la Ligue champenoise des Patriotes, du Front nationaliste et du Réseau France nationaliste.

Côté réjouissances, Docteur Merlin (ex GRECE), qui n’a rien d’un enchanteur, donnait un concert et chantait « Viva Mussolini, c’est le plus grand homme ». Cerise musicale sur ce rendez-vous d’ automne, Les Brigandes au sommet de la ringardise : ce groupe est produit par Le Comité de Salut public dont la figure de proue (un certain Antoine) précise que le but de ce comité est de « rassembler des personnes appelées par l’idée de résistance, les rassembler physiquement pour les former aux combats actuels et futurs ».

Le « Forum sur l’Identité » animé par Luc Pécharmant (responsable de Synthèse nationale Nord) est parvenu à réunir à la même tribune Alain Escada de Civitas, Pierre Cassen de Riposte laïque et le païen et identitaire Pierre Vial (ex secrétaire général du GRECE, Fn, Mnr) de la revue Terre et Peuple. Premier intervenant Pierre Cassen qui d’entrée de jeu s’est déclaré défenseur de la loi de 1905, citant Victor Hugo : « je veux l’Église chez elle et l’État chez moi ». Il s’est félicité de l’absence de crucifix dans les tribunaux (Escada a failli manger sa cravate), puis il a enfourché son cheval de bataille, dénonçant la laïcité « catholicophobe » et islamophile, appelant les participants à se rassembler sur ce qu’il considère comme l’essentiel « bouter hors de France l’envahisseur et le conquérant (…), l’ islam est le fer de lance de l’offensive contre la laïcité, l’islam n’est pas une religion et son seul but est la conquête de territoires ». Naturellement Eric Zemmour a reçu le soutien de Cassen.

Pierre Vial a vanté les mérites de Patrick Buisson et sa défense de l’identité nationale. Pour lui, l’identité est « la synthèse de la race et de la culture, une réalité ethnoculturelle ». Il n’hésite pas à citer Benjamin Disraeli (premier ministre du Royaume-Uni de 1874 à 1880), tout en précisant « lorsque l’on voit son patronyme ou son portrait, je ne vous fais pas de dessin ». Mais qu’a donc fait Disraeli pour trouver grâce aux yeux de Pierre Vial ? Il avait écrit en 1880 : « personne ne traitera avec indifférence du principe racial ; c’est la clef de l’Histoire (…). Une seule chose fait une race et cette chose c’est le sang ». Pierre Vial termine son intervention en souhaitant « longue vie au tsar Poutine » et en précisant qu’il aime bien se promener dans Moscou car « il n’y a pas de nègre dans les rues » (fermez le ban).

Le dernier intervenant est Alain Escada. Son intervention est un catalogue des principales cibles de l’extrême droite : dénonciation du « haut patronat cosmopolite, d’un complot des juifs de France en faveur de l’islam » (un complot judéo-islamiste ?). La preuve, les trois leaders du marché halal sont « des juifs sionistes ». Voyant le complot partout, Escada considère « qu’un plan mondialiste se met en place dont le but est d’installer des hordes d’’immigrés musulmans chez nous » et de pousser à « une situation de guerre civile en Europe ». La Franc- maçonnerie n’est pas oubliée parce que « la république maçonnique a colonisé la France au cosmopolitisme ». Quant au mondialisme, il a provoqué « la féminisation de l’homme en Europe. L’Europe aujourd’hui n’honore pas ses hommes, elle applaudit ses travelos (…). L’Europe produit des eunuques ». Heureusement que « l’ordre divin, l’ordre naturel des choses » doit rétablir la situation avant qu’il ne soit trop tard. Pour Escada, il y a urgence.

Lors du meeting politique, les oreilles de Marine Le Pen ont dû siffler. La tribune a rendu un hommage appuyé et un véritable cirage de pompes à Jean-Marie Le Pen. Sous la présidence de Roland Hélie, ont pris successivement la parole, Filip Dewinter, Roger Holeindre, nostalgique des guerres coloniales, Carl Lang qui a fait huer Marine Le Pen, l’accusant d’avoir offert « sous forme d’holocauste la tête de Jean-Marie Le Pen à des forces de l’Anti-France » (il ne faut pas oublier que c’est Le Pen qui a viré Lang du Fn…). Le représentant du Vlaams Belang F. Dewinter a remporté une victoire à l’applaudimètre lorsqu’il a dénoncé « la troisième invasion musulmane en Europe », a appelé à « rejeter l’islam de l’autre côté de la Méditerranée » et à préserver la « civilisation européenne et blanche ». Quant à Carl Lang, il a dénoncé le « péril islamique » et les forces de l’Anti-France, agents de dislocation de l’identité nationale.

La star du meeting fut sans conteste Jean-Marie Le Pen. Celui qui se considère toujours comme le Président d’honneur du Fn, après avoir fait référence à Brasillach, a pointé « le péril » qu’il avait été « le premier a dénoncé » ajoutant « nous avons vu clair avant tout le monde (… ). L’explosion démographique (est) le principal problème parce qu’il est mortel, c’est l’immigration massive, c’est elle qu’il faut bloquer avant même d’organiser la remigration. C’est cela, ou ce sera la disparition de notre peuple ». Jean-Marie Le Pen est un adepte du « Choc des civilisations » et du « grand remplacement » de Renaud Camus. Il est bon de rappeler que dès 1977, François Duprat avait mis en avant, lors des élections municipales le thème de l’immigration. La même année le Fn sort son affiche « 1 million de chômeurs c’est 1 million d’immigrés de trop ». En 1982, Jean-Pierre Stirbois prévenait les populations immigrées : « immigrés d’au-delà de la Méditerranée retournez à vos gourbis ». Lors de son intervention Jean-Marie Le Pen a salué le long combat du Fn et les difficultés qu’il a rencontrées face à « l’établissement » car il a fallu attendre les dernières élections législatives et sénatoriales pour que le mouvement obtienne un député (il s’agit donc bien de Marion-Maréchal Le Pen et c’est Gilbert Collard qui a dû apprécier) et deux sénateurs.

Tout ce petit monde se prépare pour les prochaines élections législatives. Roland Hélie a précisé qu’il ne devait pas y avoir concurrence dans les circonscriptions entre les candidats du « mouvement national ». Quant à Jean-Marie Le Pen, il a proposé aux futurs candidats qui le souhaitent son label « Comité Jeanne ».

Le matin, Roland Hélie, après la fermeture du « Local » dirigé par Serge Ayoub, a exposé le projet de création d’un espace pour tous les patriotes appelé « La Base ». Ce projet est également porté par Hugues Bouchu, responsable du groupuscule « La Ligue francilienne  » affiliée au Réseau identitaire. Hugues Bouchu a lancé un appel de fonds pour pouvoir mener à terme le « projet fédérateur pour les patriotes » suivi d’un appel à « la résistance ».

Tout le monde s’est congratulé avant de regagner ses pénates. À noter l’absence de Rivarol et de son directeur Jérôme Bourbon !

Cette Xe journée, comme les précédentes, ressemble plus à un regroupement de bras cassés qu’à la gestation d’un futur mouvement unitaire. Hors du Fn, il n’y a pas de place significative pour ces groupuscules dans l’espace politique français.

Jean-Paul Gautier, historien, spécialiste des extrêmes droites

Serge Ayoub encore dans une histoire de bourrage de crâne de militants nationalistes en Picardie

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En mars 2015, des nationalistes proches de 3ème Voie (organisation dissoute suite au meurtre de Clément) sont interpellés dans le centre de la Picardie. Ils faisaient tous partie d’une bande, les WWK – White Wolfs Klan, dont les membres vivaient de cambriolages, de braquages, et imposaient leur conception du nationalisme en réglant leurs comptes à ses concurrents d’extrême droite. Dans cette affaire, Serge Ayoub, ancien leader du groupuscule 3ème Voie, a été mis en examen et devra passer devant les tribunaux. En parallèle, il continue ses activités dans son club de bikers, toujours en Picardie.

Les activités du WWK

Ayoub à une soirée nationaliste dans la Somme en octobre 2011 aux cotés de Thomas Joly le secrétaire général du Parti de la France

Finalement vingt membres du WWK devraient être jugés en mars, dont Serge Ayoub, pour complicité de violences aggravées. Cette bande était organisée autour d’un président, Jérémy Mourain, qui aurait fréquenté régulièrement l’ancien Local d’Ayoub à Paris et aurait joué les gros bras pour son organisation. Pour se financer, les WWK n’hésitaient pas à commettre des cambriolages, des vols de véhicule, d’alcool ou de tabac. Ils ont aussi attaqué un bar à chicha de Ham, la ville de Mourain, en se déclarant « contents, car on avait attaqué les Arabes ».

Le Chef des WWK, Jérémy Mourain, s’était déjà distingué en 2008 , alors qu’il n’avait que 18 ans, en frappant avec une batte de base-ball sur le fourgon d’un conducteur qui était sur sa route, fier d’avoir « bien tapé dans le pare-brise d’un gris ». Il écope de 8 mois de prison ferme à cette occasion. Plus tard, en octobre 2014, il se retrouve encore devant les tribunaux pour avoir organisé une expédition punitive contre trois habitants de sa cité – dont un ancien de son clan, qui faisaient trop de bruit d’après lui. Il se présente alors comme le fondateur du WWK et ancien membre de Troisième Voie. Pour cette affaire il se retrouve avec 18 mois fermes.

Une autre personne habitant Compiègne s’était fait interpellée en mars 2015 et aurait été membre des WWK, il s’agirait d’un militant plus âgé : Jérôme Bailly, dit Jarod, 42 ans, vigile qui bossait pour Sphinx Security Privée, et aussi un ancien militant de 3ème Voie.

Le local du Picard Crew après le passage du WWK en Juin 2013

Dans le secteur de Ham – Chauny – Noyon, les groupes d’extrême droite étaient assez actifs au début des années 2010, avec le Picard Crew plutôt implanté dans la Somme, et quelques militants des Nationalistes Autonomes dans l’Aisne près de Laon. Mais cette concurrence n’aurait pas plu à tout le monde, et Ayoub aurait donc demandé au WWK de remettre un peu d’ordre. Tout d’abord, en décembre 2012 lors d’une soirée organisée par le WWK, des Nationalistes Autonomes se font nettoyer. Plus tard, en juin 2013, leurs concurrents directs du Picard Crew qui venaient d’ouvrir un local, le voient partir en fumée, les WWK se seraient amusés à l’incendier. Ces mêmes Picard Crew défilaient encore un mois plus tôt, en mai à Paris, aux côtés d’Ayoub et de 3ème Voie. Ajoutons qu’un des militants du WWK qui voulait quitter le groupe s’est fait remettre à sa place à coup de gourdins, et a fini à l’hôpital. Toutes ces dernières histoires ont conduit à des arrestations parmi les membres du WWK, car les victimes ont balancé les commanditaires.

Ayoub dans tout ça

Ayoub avec sa nouvelle tenue de Black 7 France

Ayoub comme toujours se désolidarise de ses camarades. Après le meurtre de Clément, il disait ne pas connaître Esteban Morillo. Dans l’affaire du WWK, il dit connaître Mourain, mais nie avoir commandité ou orienté leurs actions. Pourtant neuf membres de 3ème Voie l’auraient balancé en affirmant le contraire… La solidarité fonctionne bien dans ce milieu !

En 2012, Ayoub s’était aussi fâché avec les Nationalistes Autonomes, les traitant de punks à chien lors du C9M de 2012 ; ceux-ci avaient répliqué en le qualifiant de « sale juif », une insulte courante dans les milieux d’extrême droite. Ce qui n’a pas plu à Ayoub, qui aurait alors demandé au chef du WWK, Mourain, de « boucler ça ». C’est ce qu’ils feront lors d’une soirée à Estrée Mons, en décembre 2012, tout près de Péronne dans la Somme, où cinq membres des Nationalistes Autonomes ont été lynchés par les membres du WWK, l’un d’eux ayant reçu des coups de couteau.

 

 

Ayoub toujours actif en Picardie

Le 5 juin 2013, Clément Méric était assassiné par un militant de 3ème Voie, Esteban Morillo, originaire du village de Neuilly Saint Front, tout près du nouveau local de la bande d’Ayoub. Comme nous vous en avions informés dans différents articles, Serge Ayoub continue son petit business avec son club de bikers les Black 7 France, qui a remplacé les Praetorians, toujours avec la même équipe. Il a su influencer Morillo puis les WWK, et encore à présent on peut le voir tout près de Soissons dans l’Aisne. Ces bikers continuent leurs activités en louant leur salle de Berzy le Sec pour des animations nationalistes : en janvier ce sera le tour de Kroc Blanc, un groupe de rap d’extrême droite, de se produire au local des Black 7 France.

Les Black 7 France, les mêmes visages que les Praetorians

Les informations sur le WWK sont issues de la presse régionale ici, ici et .

La Horde

Serge Ayoub, Jérémy Mourain et sa bande néonazie en procès à Amiens

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En mars 2015, un groupe d’extrême droite les White Wolfs Klan (WWK) était démantelé en Picardie à la limite de la Somme, de l’Aisne et de l’Oise. Il leur est reproché différents faits entre 2012 et 2015, dont des agressions racistes, des cambriolages, des vols, des séquestrations et des tentatives de meurtre, mais aussi des règlements de compte envers d’autres groupes d’extrême droite de la région. Du 27 au 30 mars, dix huit membres du WWK passent en procès à Amiens, dont le chef du groupe Jérémy Mourain toujours incarcéré, et Serge Ayoub ancien leader de 3ème Voie et des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), deux mouvements dissous en 2013. Serge Ayoub s’amuse à présent avec son club de bikers toujours en Picardie.

Jérémy Mourain le chef du WWK très proche de Serge Ayoub

La 1er photo avec Jérémy Mourain et Serge Ayoub le 13 mai 2012 à Paris, la 2ème Mourain avec ses copains des JNR du Nord, la 3ème au Local à Paris avec Gilles Dussauge à sa gauche un fidèle de Serge Ayoub depuis l’époque des premières JNR à la fin des années 80 et la 5ème photo encore en 2012 à Paris où l’on voit son tatouage de loup dans le cou.

Jérémy Mourain est le plus chargé dans l’histoire, ses anciens adeptes lui mettant toutes les responsabilités sur le dos. Mais Serge Ayoub est aussi concerné, il lui est reproché d’avoir commandité des représailles contre les Nationalistes Autonomes (un groupe d’extrême droite concurrent). Dans cette affaire Serge Ayoub ne renie pas sa proximité avec le chef du WWK Jérémy Mourain, contrairement à sa position après la mort de Clément Méric, puisqu’il affirmait à l’époque ne pas connaître Esteban Morillo, l’assassin de Clément originaire lui aussi de Picardie. Pourtant Serge Ayoub prétend encore une fois « Je n’ai rien à voir avec tout ce qui s’est passé ». Jérémy Mourain était un habitué du Local d’Ayoub à Paris, il était également là pour faire la garde rapprochée d’Ayoub lors des manifestations de 3ème Voie, comme on peut le voir sur des photos à Paris en 2012 et 2013. Il est assez reconnaissable avec un tatouage de loup dans le cou. Le leader du WWK se déplaçait aussi pour voir ses camarades des JNR du Nord pour donner un coup de main ou pour faire la sécurité lors de concerts néo-nazis. Le site Internet Lutte en Nord avait fait un article, sur la bande des JNR du Nord et notamment Yohan Mutte, article à lire ici.

A propos des accusations sur le WWK

Il leur est reproché des cambriolages, des vols ainsi que des séquestrations lors de leurs cambriolages. Mais aussi au moins une agression raciste à Ham, la ville où résidait Mourain, lors d’une virée nocturne contre un bar à chicha le 1er janvier 2013, un acte qu’ils ont justifié en expliquant qu’il y avait « trop d’arabes en ville ». Dans le milieu d’extrême droite de la région, le WWK voulait s’imposer, c’est ainsi que les Nationalistes Autonomes Picardie tomberont dans un guet-apens et se feront corriger lors d’un concert en décembre 2012, même sentence pour le Picard Crew (un autre groupe nationaliste) qui verra son local partir en fumée.

Ayoub l’idole pour toute une jeunesse d’extrême droite picarde

Ce n’est pas la première fois que Serge Ayoub se retrouve dans des histoires avec ses anciens militants de 3ème Voie confrontés à la justice. La Picardie a vu grandir certains de ces militants, l’assassin de Clément Méric, Esteban Morillo était originaire de l’Aisne, et Jérémy Mourain et le WWK étaient dans le centre de la Picardie. Serge Ayoub continue malgré tout ses activités à Berzy le Sec, à coté de Soissons dans l’Aisne. Avec son club de bikers les Black 7 France, des concerts néo-nazis sont régulièrement organisés dans leur local.

Stephane Belmant de l’Oise l’une des personnes arrêtée suite à l’agression d’Arras

Dans cette région où sévissait le WWK, des individus ont pris la relève, c’est ainsi que le 11 février trois militants d’extrême droite commettaient un agression raciste à coups de couteau sur la place principale d’Arras dans le Pas de Calais. Ces militants d’extrême droite originaires pour deux d’entre eux de Saint Quentin dans l’Aisne et Bienville dans l’Oise, des communes proches de Ham la ville de Mourain. source

D’autres personnes bercées par les paroles d’Ayoub se retrouvent encore lors de réunions d’extrême droite en Picardie. C’était encore le cas ce samedi 25 mars au restaurant du magasin Motoland à Rivery en périphérie d’Amiens (voir le paragraphe plus bas). Ce samedi, le Parti de la France organisait un dîner avec Jean Marie Le Pen (pour les Comités Jeanne), Alexandre Gabriac (pour Civitas) et Thomas Joly le secrétaire général du Parti de la France. A cette occasion, une partie de l’extrême droite radicale s’était déplacée, allant d’anciens et d’anciennes militantEs du Front National, en passant par des hooligans d’extrême droite, jusqu’à un militant de Blood & Honour Hexagone. Le service d’ordre (SO) était composé du SEP (Service Encadrement et Protection) des Hauts de France avec la panoplie du skinhead d’extrême droite.

La première photo Cyprien De Vos lors d’une présentation du journal de Serge Ayoub le Salut Public dans le Nord, on y voit aussi à gauche de Ayoub Yohan Mutte le même que sur la photo de Mourain dans le Nord. La deuxième photo Cyprien De Vos le 25 mars à Amiens pour le diner patriotique du PdF aux cotés de Julien Bachelet que l’on retrouve avec Ayoub à la journée de Synthèse Nationale en octobre 2016.

Mais parmi les convives, on pouvait y voir des personnes qui idolâtrent Serge Ayoub, comme ce compiègnois Cyprien DeVos, qui était comme Jérémy Mourain aux cotés d’Ayoub pour la vente de son journal Salut Public, ou aux cotés de Morillo au Local à Paris. Ce compiègnois n’hésite pas aussi à se retrouver en 11ème position sur la liste Compiègne Bleu Marine en 2014, la liste emmenée par Jean-Marc Branche, l’actuel conseiller municipal Front National de Compiègne.

Serge Ayoub va sans doute encore s’en sortir et laisser ses anciens camarades, mais combien de personnes va t-il encore manipuler ?

Le Pen, Gabriac et Thomas Joly à Amiens

Dans le même temps, deux jours avant le procès à Amiens, le Parti de la France de la Somme organisait un diner patriotique avec le président d’honneur du Front National Jean Marie Le Pen, Alexandre Gabriac et Thomas Joly dans une zone commerciale à coté d’Amiens. La plupart des personnes présentes étaient des groupies de Jean Marie Le Pen, ayant payé le diner pour faire un selfie avec l’ancien, c’est toujours la star pour beaucoup de militants d’extrême droite. On pouvait aussi y voir le raciste youtuber Daniel Conversano qui s’est surtout fait connaître, avec une explication sur un plateau de la chaine de télé de Dieudonné, où il s’était accroché avec Alain Soral. Beaucoup étaient des ancienNEs militantEs Front National, ayant mis de coté leur engagement au sein du parti ou en ayant été exclu, sur une vidéo de France 3 sur le sujet on y voit Jean Jacques Luisetti ancien responsable du FN de Chauny dans l’Aisne. Le public lors de ce diner se composait aussi d’un service d’ordre, le SEP, toujours le même que l’on retrouve à chaque initiative du Parti de la France de Paris à Dunkerque, récemment dans la Somme à Péronne, mais aussi à Albert il y a un an et demi, avec son responsable Sébastien Vanoye. Pour accueillir Jean Marie Le Pen, on pouvait aussi y voir un militant de Blood & Honour Hexagone, ancien du groupe néo-nazi les Picard Crew.

Photo 1 : Jean-Marie, toujours vert, prend la pose avec des skins. Photo 2 : Alexandre Gabriac, Jean-Marie Le Pen et Thomas Joly en conférence de presse. Photo 3 : Daniel Conversano à Table avec Gabriac. Photo 4 : le SEP, service d’ordre du PdF auquel appartient Jean-Baptiste Dumenil (deuxième en partant de la gauche), dont on a déjà parlé ici.

Ce diner a donc réuni tout ce petit monde mélangeant, déçus du Front National mais quand même toujours proche, païens et catholiques intégristes autour de Gabriac pour Civitas. Le Parti de la France n’étant pas rancunier en invitant Jean Marie Le Pen, celui-là même qui avait exclu une partie des fondateurs de ce groupuscule, mais le père de Marine Le Pen a toujours ses fans dans la région. Pour voir l’ambiance à ce diner regarder la vidéo de France 3 Picardie.

La Horde

[mis à jour le 05/05 à 20h00] Après le procès des White Wolf Klan, ça balance chez les néonazis

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On pourrait ouvrir une rubrique « fait divers » pour les anciens camarades des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) et 3ème Voie de Serge Ayoub. Après Esteban Morillo le meurtrier de Clément Méric, les White Wolf Klan de Jérémy Mourain, c’est au tour de Yohan Mutte ancien JNR du Nord d’être mis en examen et de passer par la case prison pour une histoire d’un homme retrouvé noyé dans le canal de la Deûle à Lille en 2011. Le site Lutte en Nord a publié un article très complémentaire sur cette affaire que nous vous conseillons très fortement de lire.

À gauche : Yohan Mutte aidant Serge Ayoub à vendre son journal, il n’y a pas beaucoup d’acheteurs… À droite : Jérémy Mourain, Yohan Mutte et Renaud Cuignet, l’ancien tatoueur de néonazis et de 3ème Voie.

Jeudi 27 et vendredi 28 avril, quatre personnes appartenant à la mouvance néonazie à Lille sont arrêtées. Ces arrestations font suite à une histoire qui remonte à quelques années en 2010-2011, lorsque cinq hommes sont retrouvés noyés dans le canal de la Deûle à Lille. A l’époque, l’affaire avait été classée, ces noyades étaient dû à l’alcool d’après les « enquêteurs ».

Il y a un peu plus d’un mois la bande de néonazis des White Wolf Klan et Jérémy Mourain passaient en procès à Amiens pour différents faits commis en Picardie et dans le Nord. Depuis, ça balance sur d’autres histoires concernant les néonazis du Nord. Quatre militants sont donc arrêtés et trois mis en examen : ils seraient pour l’instant poursuivis après la mort par noyade d’un guitariste d’un groupe punk rock en novembre 2011.

Pour l’instant ces néonazis ne sont soupçonnés que du meurtre d’Hervé Rybarczyk, le guitariste du groupe de musique Ashtones, mais aussi militant antifasciste.

Les temps sont durs pour les néonazis du Nord

Claude Hermant et Serge Ayoub

La semaine dernière, c’est Claude Hermant, ancien du DPS (le service d’ordre du Front National) déjà incarcéré pour trafic d’armes qui était entendu encore une fois, cette fois-ci pour le fait que certaines de ses armes aient servi à Amedy Coulibaly pour l’attentat de l’HyperCasher de Paris en janvier 2015.

Parmi les personnes placées en détention on retrouve, après la noyade dans le canal de la Deûle, Yohan Mutte, proche de Jérémy Mourain du White Wolf Klan, mais aussi proche une fois encore de Serge Ayoub et membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires avant leur dissolution. Ce Yohan Mutte faisait parti de la garde rapprochée de Serge Ayoub lors des défilés de 3ème Voie, le site Lutte en Nord l’avait épinglé plusieurs fois. Il avait participé à différentes agressions à Lille notamment lors des attaques du Bar le Resto Soleil , d’actes racistes comme au bar le Magnum, mais encore lors de l’attaque du bar gay le Vice & Versa où cette fois il s’est fait arrêter (source).

Ca balance chez les néonazis

On a l’habitude dans ce milieu de balancer ses anciens camarades et de collaborer avec les forces de répression, ce fut le cas de Claude Hermant, ancien indic de la marée chaussée et des douanes. Cette semaine, il vient de porter plainte contre ces personnes, leur reprochant d’ «avoir été laché par ses anciens agents traitants ». Mourain est tombé par dénonciation de ses anciens adeptes, et cette fois-ci c’est au tour de Johan Mutte de faire un séjour en prison dénoncé par un membre du WWK, sous doute d’ailleurs leur chef lui-même.

 

Yohan Mutte à Paris en 2011 en tenue de JNR en haut), et en 2012, avec Serge Ayoub à la tribune et tout à droite Jérémy Mourain.

Le site Lutte en Nord vient de sortir un article qui apporte des informations complémentaires sur le sujet, et un appel est lancé pour un rassemblement vendredi 12 mai à 19h sur la grand place de Lille pour rendre hommage à Hervé Rybarczyk probablement tué par des néonazis.

La Horde

Les Roudier, des fachos à la ferme (2ème partie)

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Le site d’infos alternatives Le Pressoir a alerté il y a deux jours sur la tenue d’une « journée patriotique » organisée par la Ligue du Midi, dont le patron Richard Roudier a pour l’occasion rassemblé autour de lui une vrai cour des miracles de l’extrême droite, invités sur lesquels nous reviendrons en début de semaine. C’est l’occasion pour nous de compléter le portrait de Richard Roudier que nous avions publié au début de l’été : après les premières années, voici donc le parcours de Richard Roudier des Identitaires au Comité jeanne. 

Nous avions laissé Richard Roudier en 2002, au moment de la création du Bloc Identitaire. Rappelons pour mémoire que les Identitaires ont été créés en août 2002 par des militants d’Unité radicale (UR), groupuscule nationaliste-révolutionnaire (auquel appartiennent les Roudier père et fils) interdit et dissout cette même année, après que l’un de ses membres a tenté d’assassiner le président de la République Jacques Chirac le 14 juillet 2002. Parmi les membres fondateurs des Identitaires, on retrouve ceux qui seront les principaux dirigeants du mouvement : Fabrice Robert, Philippe Vardon, Philippe Millau et Richard Roudier.

Richard Roudier (en chemise), accompagné de Philippe Vardon et Fabrice Robert, en 2005.

Au sein du mouvement, en plus de la tache ingrate d’assurer la sécurité des meetings, Richard Roudier  est chargé de la cellule « développement » : pour ce faire, il anime des « repas de structuration » un peu partout en France en 2004-2005, et il organise avec ses fils les Deuxième Assises identitaires à Lyon le 13 novembre 2004. Roudier se vante aussi d’avoir imposé au sein des Identitaires deux axes majeurs : l’abandon de l’antisémitisme, qu’il considère comme un obstacle en travers de la route des nationalistes vers le pouvoir (il n’hésitera pourtant pas, en octobre 2010, à signer la pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot et la libération du négationniste Vincent Reynouard) et le régionalisme, dont Roudier et ses fils font la promotion auprès de nationalistes par toujours convaincus.

La ligue du midi avant la lettre

Richard Roudier participait déjà à la revue régionaliste Montségur de l’association Parcours d’Europe, tandis que son fils Olivier s’active au sein de son association Lo Gripet (« Le farfadet »). Mais en 2006, toute la famille Roudier va se retrouver pour fonder un nouveau collectif, « Peuples-Identités-Cultures Occitanie », qui préfigure ce que sera la Ligue du Midi. On retrouve ainsi Martial Roudier sous cette étiquette à la convention Identitaire de 2007. C’est que le combat « identitaire » doit selon Roudier être mené non pas « contre la France, mais contre une certaine France, celle du centralisme jacobin, de l’administration tatillonne, de la réduction des libertés publiques, celle de la bouillie “ métissarde ”, du nihilisme, du nivellement, celle de la décadence et du renoncement. »[1] En juin 2007, avec les identitaires d’Alsace d’Abord et de l’Idée Bretonne, Peuples-Identités-Cultures Occitanie participe à la création d’une Fédération Identitaire Et Régionaliste (FIER), initiative qui reste sans suite.

Le SO du Bloc identitaire, qu’on aperçoit encadrant Oskar Freysinger.

Lors des assises internationales contre l’islamisation de l’Europe, le 18 décembre 2010, la sécurité de l’espace Charenton est confiée au SO du BI, auquel participent les frères Roudier, Richard se chargeant de la logistique. Ils sont alors aux côtés de militants de la Ligue de défense juive (LDJ), un groupuscule sioniste d’extrême droite (Roudier aviat pris contact avec Jean-Claude Nataf dit « Michaël Carlisle », dirigeant de la LDJ, au milieu des années 2000). Durant les années 2000, Roudier est également très pris par son activité au sein du Comité d’Entraide aux Prisonniers Européens (CEPE), un comité de soutien aux auteurs de crimes sécuritaires et racistes ainsi qu’aux militants d’extrême droite, auquel nous consacrerons ultérieurement un article spécifique.

C’est la crise

Mais au fil des années, le vieux Roudier, 65 ans, finit par ne plus se retrouver dans ce groupuscule new look qui semble s’éloigner des fondamentaux du nationalisme-révolutionnaire si cher à ses yeux, et il y dénonce par ailleurs « une tendance au jeunisme ». Fabrice Robert, quant à lui, juge que Roudier est un homme du passé, aspirant à « un mouvement très centralisé, format XXe  siècle ». Ambiance !

« Une autre jeunesse », dernière campagne nationale des Identitaires en 2010. Un « jeunisme » sous contrôle de Vardon qui agace notre vieux paysan moustachu…

C’est que le moustachu n’est pas tendre avec les deux principaux leaders du parti : il considère Fabrice Robert comme un « dépressif chronique » incapable de prendre la moindre décision importante et qui n’a pas, selon lui, l’âme d’un chef ; quant à Philippe Vardon, ce n’est à ses yeux rien de moins qu’un opportuniste qui se sert des Identitaires comme d’un marche-pied pour sa propre promotion au sein du « nouveau » Front national de Marine Le Pen. L’avenir ne lui donnera pas tort, il faut le reconnaitre !

Quand Fabrice Robert, Philippe Vardon et André-Yves Beck décident de limoger son ami Philippe Millau les 17 et 18 mars 2012, Richard Roudier contre-attaque début avril par le biais d’un communiqué dans lequel il met en cause le fonctionnement de la structure, dénonce les « conseillers occultes » et la « soumission au Front national » (suivez mon regard). Suite à cette fronde, plusieurs sections vont disparaître de l’organigramme du BI, dont celle du Languedoc, Roudier s’étant replié sur la Ligue du Midi.

Notre moustachu avait en effet assuré ses arrières et déclaré en préfecture en janvier 2011 la Ligue du Midi, dont l’objet est de « concourir à l’expression démocratique en Languedoc Roussillon en assurant la promotion des identités historiques et des libertés publiques des habitants de cette région. » Sans rire ! Lors des élections régionales de mars 2010, c’était déjà sous l’étiquette Ligue du Midi que le Bloc identitaire avait présenté ses candidats en Languedoc-Roussillon, une liste conduite par Richard Roudier qui obtient le score ridicule de 0,68 % au premier tour (il récidive en 2011 pour les cantonales, et recueille… 76 voix.)

Réseau Identité

Philippe Millau en 2012

Après son départ des Identitaires, Roudier tente d’organiser son propre réseau avec les autres débarqués. Il lance le 7 juin 2012 le Réseau Identités avec, entre autres, le breton Philippe Milliau. Dans la foulée, et histoire de faire parler de lui, le réseau participe aux législatives de juin 2012. La Ligue du Midi présente 11 candidats, et ne fait guère mieux que les années précédentes : Richard Roudier se présente dans la 5e circonscription du Gard et rassemble sur son nom 311 voix, soit 0,54% des suffrages. Son fils Olivier, dans la 6e circonscription, fait encore moins bien, avec seulement 118 voix, soit 0,27%… Roudier avait pourtant, dès les années 1980, juré de ne plus emprunter la voie électoraliste, mais il y revient pourtant régulièrement tout au long des années 2000 et 2010, histoire sûrement de se faire un peu de pub et de pouvoir bénéficier d’une tribune médiatique.

Richard Roudier en juin 2012.

Ainsi, au mois d’août 2012, l’association Réseau Identités est créée officiellement, avec un objet similaire à celui des structures précédemment fondées par les Roudier, mais en précisant qu’il s’agit d’une « formation politique qui concourt à l’expression du suffrage dans le cadre des institutions de la République ». C’est à l’occasion d’une « université de rentrée décentralisée » en septembre que le Réseau-Identités annonce officiellement sa création (une petite quarantaine de présents). Mais malgré les bonnes intentions de départ, chaque collectif reste le nez sur ses activités locales, et le « réseau » a bien du mal à exister, jusqu’à son auto-dissolution en mars 2016.

Quand Roudier rencontre Ayoub

Roudier va ensuite se chercher de nouveaux amis, et il est contraint de faire les fonds de tiroir nationalistes : ainsi, il se rapproche d’abord du chef de bande Serge « Batskin » Ayoub : le 7 décembre 2012, il participe à un dîner-débat avec Ayoub dans son bar, le Local puis, en mai 2013, il participe, toujours avec Ayoub, à la manifestation en hommage au militant de l’Œuvre française Sébastien Deyzieu, et il y prend même la parole au nom du réseau Identités.

Richard Roudier et le naziskin Serge Ayoub se rencontrent régulièrement au milieu des années 2010, et partage la même tribune aux journées de Synthèse nationale.

Il retourne au Local le 20 juin pour soutenir son nouvel ami, dont les « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires » viennent d’être dissoutes suite aux coups mortels portés par l’un de ses membres à notre camarade Clément Méric : pour l’occasion, Roudier disserte sur les « libertés publiques »… Mais en réalité, Roudier caresse l’espoir de retrouver au sein des troupes d’Ayoub l’esprit « révolutionnaire » qui l’avait attiré à Unité radicale, et des troupes fraîches pour porter cet idéal. C’est certainement la raison pour laquelle, contrairement à l’écrasante majorité des structures ou personnalités d’extrême droite, il n’hésite pas à afficher son soutien à Estban Morillo, l’auteur des coups mortels portés à Clément, à qui il propose l’aide de son comité de soutien.

Conférence de presse du Collectif pour la Défense des Libertés publiques : Éric Miné, Richard Roudier et Roland Hélie.

C’est d’ailleurs dans cette perspective que, en juin 2013, il lance (encore !) une nouvelle structure, avec Roland Hélie et Eric Miné, le « Collectif pour la Défense des Libertés publiques » qui se présente comme une version « élargie » du CEPE, et qui apporte entre autres son soutien à Morillo. Notons qu’à cette occasion, Roudier retrouve Renaud Camus (déjà croisé aux assises de l’islamisation en décembre 2010, et même en novembre 2010 à Lunel), qui, comme d’autres « personnalités » d’extrême droite (Christian Vanneste, Guillaume Faye) apporte son soutien à l’initiative. La même année, décidément en mal d’amitié, Roudier, qu’on a connu faisant le fou autour du feu lors de solstices païens organisés dans son château, se rend même à l’église Saint-Eugène en mai 2014 pour le 800ème anniversaire de la naissance de Saint-Louis, et papote avec le prétendant au trône de France Louis XX !

La tentation Front national

Fin 2014, Richard Roudier tente également d’adhérer au SIEL, au grand dam de son président, Karim Ouchikh, qui s’inquiète de cette tentative d’entrisme de la Ligue du Midi, qui pourrait poser problème dans ses relations à ce moment-là encore cordiales de son mouvement avec le Front national. Louis Alliot ne verrait en effet pas d’un très bon œil l’arrivée de papy Roudier dans sa région…

Roudier n’aurait pas dû prendre le slogan d’alito au pied de la lettre…

Dans un communiqué laconique, Ouchikh refuse l’adhésion en ces termes : « Après examen attentif du parcours politique du président de la Ligue du Midi, qui révèle notamment l’existence de divergences profondes avec la ligne politique du SIEL et avec la Charte du RBM, mais aussi de contentieux persistants avec les forces du Front National en Languedoc-Roussillon, le Bureau exécutif du SIEL a décidé de ne pas donner de suite favorable à la demande d’adhésion de Monsieur Richard Roudier. » S’il est un peu dur de reprocher à Roudier son parcours quand on sait que le FN a longtemps accueilli en son sein des personnages de toute la galaxie nationaliste, y compris les plus radicaux, il est en revanche exact que Roudier a toujours été très critique à l’égard du Front, dont il ne partage pas, effectivement, la ligne politique : « je n’y ai jamais adhéré de ma vie parce que ce parti va à l’encontre des mes vues politiques, notamment sur l’Europe, le régionalisme et le fédéralisme. Mais si un petit mouvement à côté peut avoir un poids et présenter des candidats, alors je peux m’y inscrire. »

Par ailleurs, s’il n’a ainsi jamais vraiment digéré la « trahison » de Jean-Marie Le Pen à l’égard de Pierre Poujade, il respecte quand même celui qui a porté le FN pendant près de quarante ans, du moins jusqu’à son discours de Valmy et ses références aux Lumières, ou pire encore, celui d’avril 2007 où, sur la dalle d’Argenteuil, Jean-Marie s’adresse à la population en leur disant « vous êtes des Français à part entière ». Roudier a beau se dire « 0% raciste », pour lui, prétendre que des Arabes, des fils ou petits-fils d’Arabes (qu’il soient nés en France ou pas) sont des Français, c’est intolérable ! Enfin, si Roudier reconnait au FN une certaine légitimité électorale, il rejette en bloc sa stratégie du « seul contre tous », regrette l’absence d’alliance dans les régions, et rêve d’une « grande réconciliation » avec les exclus du FN (Carl Lang, Pierre Vial, etc.) qui sont devenus ses nouveaux amis.

De gauche à droite : Hugues Bouchu, Richard Roudier, Pierre Vial, Christine Tasin, Pierre Cassen, Jacques Soulis, Roland Hélie et Carl Lang.

En juin 2015, on retrouve ainsi papy Roudier aux premières (et dernières) « rencontres Charles-Martel » à Poitiers, organisées par le Cercle des Chats bottés, une petite association créée en 2012 par Brigitte Bayle, co-fondatrice de Riposte laïque et décédée en 2013, et depuis animée par Jacques Soulis, devenu depuis un cadre du Parti de la France de Carl Lang. Roudier y retrouve tous ses nouveaux amis : Pierre Vial (Terre et Peuple), Roland Hélie (Synthèse Nationale), Hugues Bouchu (Ligue Francilienne), Christine Tasin (Résistance Républicaine), Paul-Marie Coûteaux (ex-SIEL), Carl Lang (Le Parti de la France), Pierre Cassen (Riposte Laïque)…

Mais la même année, l’apparition de Marion Maréchal-Le Pen et sa ligne « ouverte » aux autres composante de l’extrême droite va pourtant un peu infléchir cette position, et la Ligue du Midi apporte son soutien au FN pour les élections régionales de 2015 en ces termes : « Les Identitaires invitent à se mobiliser, le dimanche 13 décembre, pour un vote de rupture – certains membres de la Ligue du Midi diront un vote révolutionnaire -, en faveur de Louis Aliot, Marion Maréchal Le Pen dans le Midi et les autres têtes de listes du Front national ».

100% islamophobe

Les années 2010 sont surtout pour Richard Roudier celles d’un grand rapprochement avec le microcosme islamophobe. Roudier est un collaborateur régulier du site Riposte Laïque (RL) depuis 2013, et en 2015, il répond à l’appel de Renaud Camus, avec le soutien de Riposte laïque, pour une tentative de lancement du mouvement Pegida en France, qui fera un gros flop.

Richard Roudiet et Pierre Cassen.

Roudier joue le jeu et organise deux rassemblements en 2015 : le premier en janvier sous l’étiquette « Pegida Montpellier », le second en juillet, avec Maurice Vidal de RL, sous une banderole « stop Jihad ». Dans son discours, parmi les mesures d’urgence demandées par Roudier, outre les classiques demandes de fermeture de mosquées, de suppression de la double nationalité ou de mise en place de la « remigration », il souhaite aussi « l’instauration d’un délit d’activités anti-nationales ou anti-Identitaires » ! Fallait oser…

Un an plus tard, on retrouve peu ou prou les mêmes dans l’organisation le 6 février (en hommage aux émeutes nationalistes du 6 février 1934) de manifestations dans le cadre des « journées européennes Sauvons notre pays! ». La ligue du Midi avait organisé la manif à Montpellier, à laquelle se sont joints Pierre Vial et Lorenç Perrié Albanell pour Terre et Peuple, Riposte Laïque et Vigilance Hallal d’Alain de Peretti Della Rocca.

Débarrassé du Réseau Identité qu’il traînait comme un boulet, Roudier se concentre en 2016 sur l’activité de la Ligue du Midi. Un nouveau local de la Ligue est ouvert en plein cœur de Montpellier, pour un cycle de conférences, un ciné-club, des petites soirées entre amis… Si la Ligue reste principalement sur des position anti-migrants (en octobre, dans le cadre de la campagne« Sauvons la France » avec Riposte Laïque, le Siel et Viviers Bleu Marine, la Ligue du midi organise, une manifestation à Montpellier) elle renoue avec son régionalisme à l’occasion des changements de nom des régions. la Ligue du Midi se félicite que, parmi les cinq noms retenus, se trouve « Occitanie – Pays catalan », dont il s’attribue la nomination suite à une campagne d’affichage que le groupuscule a menée dans la région. Roudier s’enflamme et n’hésite pas à déclarer : « les identitaires  de la Ligue du Midi peuvent être fiers, car ils sont les seuls depuis quelques semaines à avoir eu la clairvoyance et la détermination nécessaire pour rendre possible une telle éventualité, à savoir un nom de région qui définit clairement notre identité catalane. » Au final, c’est l’appellation « Occitanie » seule qui est retenue : Roudier croit y voir « une victoire du droit du sang sur le droit du sol »… On a les petites victoires qu’on peut !

Présentation à la présentation du comité Jeanne, Richard cède désormais sa place à son fils Olivier pour haranguer la foule.

Le 21 janvier 2017, à Palavas-les-Flots, Richard Roudier participe à l’organisation, avec Stéphane Goepfert et Lorrain de Saint-Affrique, du « banquet patriotique » des comités Jeanne de Jean-Marie Le Pen. Opéré des cordes vocales en 2014, Richard ne peut plus haranguer la foule comme par le passé, et c’est désormais son fils Olivier qui intervient généralement au nom de la Ligue du Midi. Pourtant, un mois plus tard, c’est bien Richard qui nous fait un petit discours sur les « libertés publiques » lors de la conférence organisée par Olivier Pichon, président du Collectif des Avocats libres, à laquelle étaient également présents Christine Tasin, Pierre Cassen, Robert Ménard ou encore Jean-Yves Le Gallou. Dans son discours, Roudier donne deux exemples d’entrave aux libertés publiques : la dissolution en 2005 du groupe néonazi « Elsass Corps » et la fermeture du Local du naziskin Serge Ayoub en 2014 !

Richard Roudier à gauche, son fils Olivier à droite, lors du saccage des locaux du Raih, en juin dernier.

Depuis, on pensait que l’heure de la retraite avait sonné pour Richard Roudier, et qu’il allait passer la main à ses fils : pourtant, c’est bien lui qui mène les troupes le 29 juin dernier, rue Castilhon à Montpellier, lorsque une poignée de militants de la Ligue du Midi saccagent les locaux de l’association Raih (Réseau accueil insertion Hérault), qui s’occupe de l’accueil et la protection des mineurs étrangers isolés. Suite à cette « action » aussi lâche que stupide, Richard Roudier est convoqué un mois plus tard au commissariat, et placé en garde à vue : une porte claque sur son doigt, et voilà notre vaillant défenseur de l’ordre et de la sécurité hurlant à la violence policière !

Si, malgré ce dernier coup d’éclat, Richard Roudier, à plus de 70 ans, semble en fin de parcours, il peut compter sur ses deux fils, Olivier et Martial, pour assurer la relève. Mais ceci est une autre histoire…

La Horde

  1. Richard Roudier, Le Glaive et la Charrue, pages 164 – 165.

Thierry Maillard : Encore un militant d’extrême droite arrêté pour détention d’armes

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Deux semaines après l’interpellation de militants d’extrême droite qui préparaient des attentats, on apprend l’arrestation de Thierry Maillard, un vieux militant de Reims, pour port d’armes. Tout de suite après l’annonce de son incarcération, une cagnotte de soutien était lancée par le club de bikers  de son ami Serge Ayoub, les Blacks Seven France. L’occasion pour nous de revenir sur Thierry Maillard et les récentes affaires qui ont touché des proches d’Ayoub.

Thierry Maillard : de l’Oeuvre Française au Réseau France Nationaliste, en passant par le FN

Suite à l’arrestation de militants d’extrême droite proches de Logan Nisin, à propos de l’attrait pour les armes à feu dans ce milieu, nous évoquions dans un article précédent Thierry Maillard. Le week-end dernier, ce Thierry Maillard s’est encore fait coincer. Déjà condamné en novembre 2016 pour s’être livré à un trafic d’armes, dont des armes de guerre, il vient encore de se faire arrêter lors d’un contrôle routier en possession d’un pistolet et de munitions. Chez lui d’autres armes étaient entreposées.

Maillard aux élections cantonales de 2011 à Reims

Maillard à la journée de Synthèse Nationale le 1er octobre 2017

Cet ancien militant de l’Oeuvre Française (OF) a rejoint le Front National (FN) en 1996, comme d’autres militants de cette organisation à cette époque, et s’est présenté sous l’étiquette du FN aux législatives de 1997 dans la 4ème circonscription du Puy de Dôme. Au début des années 1990, on le retrouve aussi membre de la rédaction de Jeune Nation, le journal de l’OF. Il rejoint par la suite Unité Radicale. C’est à Reims qu’il se fait connaître en devenant le responsable du FN dans cette ville, pour se présenter à différentes élections : il quitte finalement  le FN en 2011. En parallèle à Reims, il monte le Réseau France Nationaliste, un mouvement microscopique connu notamment pour une affiche tirée de la propagande nazie.

En mars 2014, il essaie d’organiser à Reims une conférence et une manifestation « contre l’OTAN » avec en tête d’affiche Serge Ayoub et Richard Roudier : au final, seule une quinzaine de personnes se déplaceront pour la manifestation, une victoire pour Maillard !

Le bonhomme fait régulièrement des aller-retour sur Paris, notamment lors d’événements organisés par Troisième Voie, le mouvement de Serge Ayoub au début des années 2010, ou lors de Jour de Colère en janvier 2014. Avec son uniforme, son béret ou son chapeau, il ne passe pas inaperçu, comme on peut le voir à la manifestation « Anti-Impérialiste » d’Ayoub en février 2013 puis aux traditionnels défilés de l’extrême droite en mai 2014 et 2015.

Marine Le Pen aux côtés de Thierry Maillard le 05 mai 2017 à Reims

Récemment, il était présent aux journées de Synthèse Nationale en 2016, puis cette année où il tenait un stand début octobre. Dans sa ville, à la cathédrale, il s’est encore montré aux côtés de Marine Le Pen deux jours avant le second tour des élections présidentielles de 2017, une présence qui fut bien encombrante pour le Front national.

Serge Ayoub et les Black 7 France en soutien à Thierry Maillard

Soutien des bikers de Ayoub à Thierry Maillard

Même si Yvan Benedetti et donc le Parti Nationaliste Français ne soutiendront certainement pas Maillard, ces deux anciens de l’Oeuvre française se vouant une haine depuis une vingtaine d’années, d’autres n’ont pas hésité à apporter leur soutien dès l’annonce de son incarcération.

Ce fut le cas du club de bikers de Serge Ayoub, les Black 7 France, qui ont tout de suite lancé une caisse de solidarité. Maillard pouvait compter sur son ami Ayoub, qu’il avait revu encore récemment lors de la journée de Synthèse Nationale début octobre à Rungis en banlieue parisienne.

Ces derniers temps, Ayoub ne s’était pourtant pas précipité pour soutenir ses amis et avait lâché certains de ses adeptes, comme on a pu le voir avec les White Wolfs Klan ou Yohan Mutte poursuivi dans l’affaire de l’assassinat d’Hervé Rybarczyk. Les Black 7 France n’ont pas soutenu non plus Claude Hermant, qui comme Maillard a été condamné pour trafic d’armes, et avec qui Ayoub entretenait pourtant de bonnes relations lorsqu’il menait un peu tout le milieu nationaliste dans le nord.

Yohan Mutte dans le local des Black 7 France un mois avant son arrestation

Toutes ces affaires concernant des proches d’Ayoub se situent dans une zone géographique restreinte allant de Reims à Lille en passant par la Picardie. L’assassin présumé de Clément Méric, Esteban Morillo était lui aussi originaire de cette région. Au milieu de tout ça, les Black 7 France ont toujours leur local à Berzy le Sec près de Soissons dans l’Aisne, et continuent tranquillement leurs activités. Les militants d’extrême droite peuvent s’y retrouver tranquillement lors de soirées, ce fut le cas de Yohan Mutte un mois avant son arrestation, en mars 2017, où il faisait encore le beau dans le hangar des Black 7 France. Même si ces bikers disent ne pas faire de politique, on pouvait quand même en voir certains assurer la sécurité à la journée de Synthèse Nationale avec leur président Serge Ayoub à la tribune aux côtés de Jean Marie Le Pen, d’Alain Escada de Civitas, de Carl Lang du Parti de la France ou encore Vincent Vauclin de La Dissidence française. Ce même Serge Ayoub était encore l’invité d’une émission de radio sur Radio Libertés ou encore sur la télé pro russe Sputnik.

La Horde

Renvoi des agresseurs de Clément Méric devant la cour d’assises : qu’attendre du procès ?

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Communiqué du Comité pour Clément :

Le 5 juin 2013, à Paris, Clément Méric, syndicaliste à Solidaires étudiant-e-s et militant antifasciste, mourrait sous les coups de skinheads néo-nazis.

A l’issue de quatre ans d’enquête, le juge d’instruction a conclu au renvoi des agresseurs devant la Cour d’assises. Deux d’entre eux, Esteban Morillo et Samuel Dufour, sont accusés de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commises en réunion et avec usage ou menace d’une arme. Les circonstances aggravantes retenues soulignent le caractère délibéré du recours à la violence par les skinheads, qui sont allés au contact du groupe de Clément et ont pris l’initiative de l’affrontement. Saisie d’un recours, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris vient de confirmer cette décision. Un procès aux assises devrait avoir lieu d’ici quelques mois.

Qu’en attendons-nous ? Essentiellement que la vérité soit dite publiquement sur les circonstances de la mort de Clément Méric, que l’on cesse de renvoyer dos à dos agresseurs et agressés et que la dimension politique de ce crime soit clairement mise en évidence.

Souvenons-nous : après l’effroi est rapidement venu le temps du doute, soigneusement orchestré. On s’était emballé, les agresseurs n’étaient pas ceux que l’on croyait. Invoquant mensongèrement le contenu d’images de vidéosurveillance, une manipulation médiatique, probablement initiée par des relais de l’extrême droite dans la police, faisait des agressés les agresseurs. Elle venait opportunément cautionner les déclarations des skinheads qui prétendaient avoir agi en légitime défense. Bien que contredite par des responsables de la police judiciaire, cette version fut relayée sans précaution par une large partie de la presse – déclenchée sur RTL trois semaines après la mort de Clément, l’opération de désinformation « La vidéo de l’agression a parlé » avait notamment trouvé un puissant écho au JT de 20 heures de France 2, sous forme d’une infographie représentant Clément attaquant traitreusement un paisible Esteban Morillo. L’effet fut évidemment dévastateur et conduisit une partie de l’opinion à considérer que, finalement, il s’agissait sans doute d’une simple bagarre qui avait mal tourné entre bandes rivales violentes, renvoyées dos à dos.

Or, la mort de Clément Méric n’est pas le résultat d’un malheureux hasard, encore moins le fruit d’une culture de la confrontation physique que partageraient également les groupuscules d’ultra-droite et les mouvements antifascistes.

L’agression doit être resituée dans le contexte politique du printemps 2013, c’est-à-dire un fort mouvement d’opposition conservatrice à l’adoption du mariage homosexuel. La Manif pour tous, mobilisant toutes les droites, avait excité l’activisme d’extrémistes et entraîné une multiplication des violences homophobes ou racistes.

L’agression de Clément et de ses camarades n’a pas été le fait d’électrons libres : les hommes aujourd’hui traduits devant la cour d’assises étaient membres ou sympathisants de Troisième voie, groupuscule ultranationaliste dirigé par Serge Ayoub, alias Batskin, connu dans les années 80 comme chef de bande de skinheads parisiens d’extrême-droite. Ce dernier s’était également entouré d’une milice de gros bras chargée du service d’ordre de son mouvement, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Ces deux organisations ont été dissoutes par le gouvernement consécutivement à la mort de Clément.

L’enquête a établi que le 5 juin 2013, Esteban Morillo a été en contact téléphonique avec Serge Ayoub immédiatement avant et immédiatement après l’agression, et que tout le groupe s’est retrouvé autour de lui le soir même, dans son bar, où ils ont eu tout loisir d’arranger leur version des faits.

L’actualité récente fournit des exemples de l’implication de proches d’Ayoub et de son organisation dans d’autres affaires, pour certaines criminelles. Ainsi du procès du White Wolf Klan au printemps dernier en Picardie, bande néonazie fondée par un ancien des JNR après leur dissolution et qui s’est rendue coupable de graves méfaits. Ainsi encore de la réouverture en juin 2017 de l’enquête sur la mort d’Hervé Rybarczyk, militant antifasciste lillois retrouvé noyé dans la Deûle en 2011. Deux anciens membres des JNR sont poursuivis pour cette agression qui pourrait avoir été la mise en œuvre d’un rituel initiatique d’admission dans la milice de Serge Ayoub.

Clément Méric a été victime d’un groupe de jeunes gens entretenus dans le culte de la violence par un chef porteur d’un programme politique fascisant, ce que souligne la devise des JNR, empruntée au parti de Mussolini : « Croire, combattre, obéir ».

Non, les extrêmes ne se rejoignent pas. Renvoyer dos à dos racistes et antiracistes, homophobes et défenseurs des libertés, fascistes ou néonazis et antifascistes, c’est faire le lit de la haine et de la violence gratuite.

Le procès des agresseurs de Clément sera l’occasion de mettre en lumière la réalité des faits. Nous espérons qu’il soulignera ainsi la différence fondamentale des postures politiques : refuser de fermer les yeux, dénoncer résolument des idéologies contraires aux principes d’égalité, de liberté, et de fraternité, ce n’est pas faire acte de violence, c’est faire acte de résistance salutaire.

Le comité pour Clément 

 


Alerte antifa en Rhône Alpes : concert néonazi le 3 février

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Le 3 février, pour la seconde année consécutive, le Call of Terror, un concert de NSBM (National Socialist Black-Métal) doit se tenir en Rhône Alpes, avec son lot de néonazis.

Le lieu de ce concert est pour l’instant tenu secret par les organisateurs et sera révélé quelques heures avant le concert, même s’ il est plus que probable qu’il se déroule dans le Nord Isère, ou à proximité de Chambéry. C’est dans cette région, en 2017, que s’était déroulé la première édition du Call of Terror où environ 600 personnes étaient venues. Toujours dans cette région, d’autres concerts d’extrême droite ont eu lieu par le passé : le premier le 19 novembre 2016 avec les groupes français DC (ex-Décadence culturelle) et BordelBoys (groupe breton prétendument apolitique) et les italiens SPQR et Mai Morti ; le second, le 13 mai 2017, vers Bourgoin-Jallieu, avec cette fois une affiche 100% italienne : Hate for Breakfast, Bayonet Assault mais surtout Bronson, groupe directement lié à Casapound ; enfin, en juin 2017 un tournoi de MMA et un concert à Saint-Hélène-sur-Isère en Savoie.

Lors de l’édition 2017, on avait pu voir des groupes comme Peste Noire ou Baise Ma Hache, que certains dans la scène Black Metal continuent à défendre hors toute considération politique, alors que le lendemain du concert Ludovic Faure alias “Famine”, le leader de Peste Noire, se retrouvait dans l’ancien local du GUD à Lyon, « le Pavillon Noir », pour une rencontre avec Steven Bissuel et ses militants.

Ludovic Faure alias”Famine”, leader de Peste Noire.

Il faut reconnaitre que malheureusement, le rassemblement Call of Terror  a connu un certain succès, avec 600 personnes, un staff d’une centaine de musiciens, de membres du service d’ordre, de techniciens, en dépit d’un style musical plutôt… “particulier”, en tout cas assez éloigné de la pop des Brigandes ! Une bonne affaire commerciale aussi, si on ajoute aux 10 000 euros d’entrées la caisse du bar qui a dû fonctionner à plein…

Pour ce Call of Terror II, pour l’instant, pas de rencontre annoncée le lendemain du concert, mais le local du Bastion Social à Chambéry étant inauguré le même jour, il serait étonnant de ne pas retrouver nos mélomanes pour une after dans ce local fasciste. Quoiqu’il en soit, la tête d’affiche cette année, Temnozor, confère à lui seul une dimension clairement néonazie à l’événement.

Temnozor

Temnozor (Темнозорь) est actif depuis plus d’une quinzaine d’années, à la marge du RAC et du NSBM slaves : musicalement, le groupe se reconnaît à ses mélodies épiques à la flutine et au pipeau slave, et à son chant lyrique russe ; les paroles des chansons abordent aussi bien la nature, le paganisme slave, la guerre, que le nationalisme d’extrême droite. Groupe NSBM “superstar”, Temnozor fédère sur scène des figures NSBM russes et ukrainiennes. À noter que la seule boutique en France à vendre les t-shirts du groupe est Terre Celtique, une boutique d’extrême droite à Grenoble (qui aura sans doute une table de presse sur place, étant voisine du concert), tandis que le groupe est interdit en Allemagne.

Avec son joueur de flûtiau, Temnozor va-t-il attirer les rats du GUD au concert ?

La composition du groupe a pas mal évolué avec le temps, et a rassemblé autour de lui des musiciens membres de multiples groupes de NSBM ou de RAC, des gérants de maisons de disques, des membres de cercles NSBM, ou proches des mouvements ultranationalistes. Dans sa composition actuelle, on trouve ainsi :
– “Vargoth”, membre historique, qui joue aussi avec Nokturnal Mortum, Aryan Terrorism, Warhead ou avec le polonais Olaf Jasiński du groupe RAC Honor, qui a fait un disque en collaboration avec Graveland ;
– “Gorruth”, alias Ilya Babin / Илья Бабин, manager, producteur, parolier et porte-parole de Temnozor, co-animateur de Pagan Front et membre de Woods of Fallen ;

À gauche, Gorruth ; à droite, deux logos de Temnozor, où l’on peutassez facilement distinguer divers symboles associés au néonazisme (croix gammée, rune d’Odal , etc.)

– “Kaldrad”, alias Boris Podsoblyayev / Борис Подсобляев, emprisonné en 2001 pour port d’arme, agression et apologie de la haine raciale, membre du cercle NSBM russe « BBH » ;
– “Alexander” / Alexei / Aleksey, chanteur de Temnozor depuis 2016 mais aussi de M8l8th[1], Adolfkult, Militant Zone / Wotan Jugend ; il est proche des groupes d’extrême droite ukrainien Régiment Azov et Secteur Droit, et a été emprisonné en 2006 pour trois meurtres et de multiples agressions, puis libéré en 2011. On peut noter qu’Aleksei de M8l8th était le producteur de vidéos pour Peste Noire en 2017, via Militant Zone/Wotan Jugend, et une projection dans une salle de cinéma a Kiev, avec VIP NSBM.

Mais d’autres groupes tout aussi réjouissant et tout aussi peu “apolitiques” se produiront également samedi…

Kroda

Ce groupe ukrainien, dont le chanteur, Eisenslav, ancien membre de Temnozor, se prétend apolitique, alors que deux de ses membres n’hésitent pas à poser devant les drapeaux du parti néonazi ukrainien Secteur Droit.

Deux membres de Kroda devant les drapeaux noir et rouge de Secteur Droit.

Deux membres de Kroda, dont le chanteur, devant les drapeaux de Secteur Droit.

Ce groupe, membre du Pagan Front qui fédère différents groupes de la scène black metal néonazie, est d’ailleurs interdit en Allemagne en raison de ses options idéologiques. Il est plutôt connu dans le milieu underground car son leader, Eisenslav, cultive le culte de certaines figures sociopathes nazies liées à leur scène Black Métal et paganiste, comme Varg Vikernes, incendiaire d’églises et assassin, ou Hendrick Möbus du groupe Absurd.

Nokturnal Mortum

Formé au début des années 1990, ce groupe ukrainien fait aussi partie du Pagan Front, et a fait par le passé sa « réputation » en revendiquant ses liens avec des néonazis. Depuis, Nokturnal Mortum se serait tourné vers la mythologie et le folklore ukrainien dont les thèmes occupent désormais la quasi-totalité des nouvelles compositions…

Pourtant, après avoir joué à la première édition du Ragnard Rock Festival, Nokturnal Mortum participait en septembre 2015 à un concert organisé par Secteur Droit. Depuis les événements du Maidan en hiver 2013-2104, Nokturnal Mortum a apporté son soutien à une frange bien spécifique de la scène politique et militaire ukrainienne. Nokturnal Mortum a d’ailleurs reçu une jolie plaque en remerciement signée Dmytro Yarosh, leader de Secteur Droit et grand admirateur du nationaliste ukrainien Stepan Bandera, qui collabora activement avec le Troisième Reich dans sa lutte contre l’URSS.

Naer Mataron

Au sein de ce groupe de metal grec, c’est Giorgos Germenis qui tient la basse, mais qui est surtout député et numéro trois du parti néonazi Aube Dorée. En 2012, il est arrêté alors qu’il tente d’agresser le maire d’Athènes avec une arme à feu, et finit par frapper une fillette de 12 ans. Il a également été arrêté avec d’autres députés d’Aube dorée pour « participation à une organisation criminelle ».

Giorgos Germenis

Giorgos Germenis

Il était auparavant le bassiste du groupe de RAC StrossTrup et du groupe de NSBM Der Sturmer (en référence au journal du Troisième Reich), dont les membres sont aussi des militants d’Aube Dorée. Et certains voudrait nous faire croire que Naer Mataron est apolitique ?

Nocturnal Depression

Le chanteur de ce groupe français de « métal dépressif » de Grenoble qui glorifie le suicide et la mort, joue également dans un autre groupe, Aghone, qui lui est programmé le 17 février pour le Night Of Honour III :

Cet autre festival NSBM aura lieu prochainement en Picardie, chez Serge Ayoub, dans le local de son club de bikers les Black Seven, dont nous aurons l’occasion de reparler sous peu. Au programme, des groupes tout aussi “sympathiques et apolitiques” que pour le Call of Terror de ce week-end, comme en attestent les pochettes ci-dessus, sans ambiguïtés.

 

La Horde,
en collaboration avec des fans de Black Metal

  1. En remplaçant les « o » par de « 8 », le nom fait apparaitre le nombre « 88 », soit deux fois la lettre H pour “Heil Hitler”, un signe de reconnaissance entre néonazis.

cartographie de l’extrême droite française (printemps 2018)

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Comme chaque année, nous mettons à jour notre cartographie de l’extrême droite française : nous attendions un peu le congrès du FN pour tenir compte d’un éventuel changement de nom, mais les choses traînent un peu en longueur… Alors on a mis les deux noms ! Pour le reste, il y a comme chaque année quelques disparus et quelques nouveaux venus. On s’excuse d’avance pour celles et ceux qui seront déçu(e)s de ne pas être sur la carte : il a fallu faire des choix, et il y a toujours des oublié(e)s. Pour les autres, on espère que cette nouvelle version de notre schéma vous sera utile pour vous y retrouver et combattre efficacement les idées de l’extrême droite, et celles et ceux qui les portent.

Cliquez pour agrandir.

1. LE RASSEMBLEMENT NATIONAL, ex-FRONT NATIONAL

Fondé en 1972 entre autres par les néofascistes d’Ordre nouveau, le Front National (FN) rassemblait au début des années 1980 différents courants de l’extrême droite, des plus traditionnels aux plus radicaux, sous l’autorité de son président Jean-Marie Le Pen. La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’au congrès de Tours de 2010, où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir des courants historiques du nationalisme français. Le FN a sous sa présidence joué les équilibristes entre une ligne nationale-républicaine incarnée par Florian Philippot, et un courant national-conservateur menée par Marion Maréchal-Le Pen. Ce «nouveau» FN a tenté de rassembler autour de lui des groupuscules souverainistes comme le SIEL dans l’espoir de fondre le FN dans le paysage. En réalité, il a surtout permis à des personnalités comme Robert Ménard de profiter du FN sans s’engager à ses côtés, et à des radicaux comme Philippe Vardon, l’ex-leader des Identitaires, de s’inviter dans un FN prétendument dédiabolisé (d’autant qu’on trouve, au plus près de Marine Le Pen, des anciens du GUD comme Axel Loustau ou Frédéric Chatillon qui n’ont rien renié de leurs  engagements de jeunesse). Arrivée au second tour de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a déçu les attentes de son camp et le FN a connu depuis un an des troubles internes, avec le départ au lendemain de l’élection de celle qui se fait désormais appeler Marion Maréchal, et celui de Philippot en septembre dernier parti créer son propre mouvement, les Patriotes. Lors de son congrès de refondation, le Front national a changé de nom pour devenir le Rassemblement national.

 2. Les républicains

Une grande partie de la droite conservatrice s’est lancée depuis bien longtemps (comme le Parti socialiste du reste quand celui-ci se retrouve au pouvoir) dans une course à l’échalote avec l’extrême droite sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration et à « l’identité française ». Depuis l’arrivée à sa tête de Laurent Wauquiez, le parti libéral-conservateur a pris un virage à droite encore plus net, appuyé par le travail en son sein de différents courants et autres think tanks comme Sens Commun, qui assure un lobbying ultra-conservateur ou Oser la France qui opère une politique de la main tendue en direction des petites formations «souverainistes».

 3. Les souverainistes

Le « souverainisme » est un cache-sexe du nationalisme qui s’est construit en opposition à l’Union européenne dans les années 1990, et dont l’un des pionniers est le Mouvement pour le France fondé par Philippe de Villiers. De nombreuses petites formations de ce courant tentent chacune de leur côté de fédérer les autres autour d’elle, et de créer des passerelles entre les partis nationalistes et les autres mouvements, de droite ou de gauche (le «souverainisme» de gauche étant lui aussi une réalité). Certains ont soutenu Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017, comme le CNIP ou Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France, mais sans donné suite à des accords électoraux. D’autres, comme les Patriotes de l’ex-numéro 2 du FN Florian Philippot rêvent d’un souverainisme des deux rives» Enfin, d’autres, comme l’UPR de François Asselineau, pimentent leur souverainisme d’une dose de complotisme.

 4. Les néoréactionnaires

Collectif réactionnaire soutenu par la droite catholique, la Manif pour Tous (LMPT) a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Mobilisés sur le thème de la défense de la famille traditionnelle et de l’homophobie, ses militants étaient invités à privilégier l’entrisme. Si LMPT semble aujourd’hui s’être essoufflé, d’autres structures, plus discrètes, comme l’Avant-Garde, cherchent toujours à rassembler diverses tendances conservatrices pour faire du lobbying. Elles pouvent compter sur des sites ou des revues, comme l’Incorrect, et sur des chroniqueurs comme Eric Zemmour ou Elisabeth Levy, ou politique comme Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, qui n’hésite pas à affiches ses positions anti-avortement.

 5. Les catholiques traditionnalistes

Les réseaux catholiques traditionnalistes sont denses, disposent de médias (le journal Présent, seul quotidien nationaliste ou Radio Courtoisie) et même d’une association contre la «christianophobie» et le «racisme anti-blanc», l’Agrif.

Avec comme mot d’ordre «Dieu, Famille, Patrie»,  Civitas en est la principale organisation d’agitation politique. Animé par Alain Escada, Civitas compte dans ses rangs Alexandre Gabriac, un ancien du FN et de l’Œuvre française (ouvertement pétainiste et aujourd’hui dissoute), qui anime sa branche jeune, France Jeunesse Civitas.

La lutte contre l’IVG est l’un des principaux combats politiques des catholiques traditionnalistes : les « Marches pour la vie » organisées chaque année rassemblent plusieurs milliers de personnes. Si les petits groupes qui prient devant les cliniques rassemblent des personnes âgées, des jeunes sont aussi parfois investis dans cette lutte, à l’instar des Survivants, apparus en 2016. La Fondation Lejeune, qui existe depuis 1996, associe un travail de recherche scientifique sur les maladies génétiques, et un engagement militant contre l’avortement.

 6. Les nostalgiques du FN à Papa

Ironie de l’histoire, Jean-Marie Le Pen, fondateur et président du FN pendant 40 ans a été depuis 2015 mis au ban du parti par sa propre fille. À près de 90 ans, difficile de lui donner un avenir politique, mais son charisme lui permet de jouer les vedettes au sein de l’extrême droite radicale et de rassembler quelques ex-frontistes au sein des Comités Jeanne.

Fondé en 2009 par Carl Lang, ancien n°2 du FN, le Parti de la France tente d’incarner ce qu’était le Front des années 1980, c’est-à-dire une structure institutionnelle regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste, y compris les plus radicales. Allié aux Comités Jeanne, ses résultats électoraux restent insignifiants, et sa composition militante, allant de notables d’extrême droite aux skinheads, a tout de l’auberge espagnole.

Synthèse Nationale (SN) est une revue dirigée par Roland Hélie, dont la ligne éditoriale est « pas d’ennemi à l’extrême droite ». Tous les ans, SN organise une «Journée nationale et identitaire», qui a regroupé l’an passé, entre autres, Jean Marie Le Pen, Alain Escada, Carl Lang, Steven Bissuel, Richard Roudier et Serge Ayoub

De son côté, la Ligue du Sud a été créée en 2005 avec les Identitaires et des anciens du FN par l’actuel maire d’Orange, Jacques Bompard, ancien membre fondateur  du FN, et élu maire en 1995 sous cette étiquette. La Ligue du Sud se caractérise par son implantation locale, sa fidélité à des positions radicales et une indépendance assumée à l’égard du FN.

 7. Les groupuscules radicaux

Né à la fin du XIXe siècle, l’Action française (AF) est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF, présidé par S. Blanchonnet, organise toujours des rassemblements ou des débats, mais depuis un an environ, se signale aussi par quelques actions « coup de poing », attirant à lui une nouvelle génération de militants.

Le GUD n’existe plus qu’à Paris où l’activité des gudards se résume à des collages de stickers et quelques conférences. À Lyon en revanche, le GUD mené par Steven Bissuel est devenu en mai 2017 le Bastion social, une pâle imitation de la Casapound italienne. En occupant durant deux semaines un lieu où il prétendait aider les « Français de souche », le Bastion Social s’est fait de la publicité sans véritablement n’aider personne. Depuis, d’autres lieux se sont ouverts sous ce nom à Strasbourg, Chambéry, Aix en Provence ou Marseille, servant de lieu de réunion plutôt que de lieu d’accueil « social ».

Les Identitaires tentent depuis leur création en 2002 de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle. Sans référence idéologique, ils ont misé sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, est ainsi mise en avant lorsqu’il veut faire le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct : le départ au FN de Philippe Vardon,  son principal leader, a affaibli sa position.

D’autres groupuscules encore plus confidentiels se revendiquent ouvertement du fascisme historique. C’est le cas du Parti Nationaliste Français (PNF) qui s’inscrit dans la continuité l’Œuvre française dissoute à l’été 2013, proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie française. Il est aujourd’hui quasiment inexistant. Dans la même veine, on peut également par charité citer la Dissidence française de Vincent Vauclin.

 8. Les skinheads d’extrême droite

S’il n’existe pas d’organisation skinhead fédérant tous les groupes au niveau national, il existe des bandes informelles locales, qui pour la plupart ont une durée de vie très limitée, mais qui se font remarquer par leur activisme violent. Depuis la dissolution en 2013 des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub (qui s’est recyclé depuis en fondant un club de bikers les Black 7 France), les skins d’extrême droite se sont de nouveau éparpillés dans la nature. Pour les distraire, certains comme Pride France (qui organise des tournois clandestins de free fight) ou d’autres organisent des concerts néonazis, dont l’objectif est cependant autant mercantile que véritablement militant.

 9. L’extrême droite sur internet

Ancien du GRECE et du Club de l’Horloge, Jean-Yves Le Gallou a quitté le FN au moment de la scission, avant de créer en 2003 un think tank d’extrême droite, Polémia, qui prétend faire la promotion de la « réinformation », qui consiste à redonner aux thèses d’extrême droite une certaine visibilité dans l’espace médiatique, en développant en particulier ses propres médias.

Prétextant une information « plurielle » et la volonté de se démarquer des médias « officiels », des sites comme Breizh Info ou Lengadoc info se sont spécialisées dans les tribunes offertes à l’extrême droite. Loin d’offrir une information honnête, elles ne font que relayer ses contre-vérités racistes et sexistes. Certains sont sans conteste ancré à l’extrême droite (comme Méridien Zéro ou TV Libertés) tandis que d’autres adoptent une stratégie confusionniste plus ou moins volontaire.

Créé en 2007, Riposte laïque exprime son islamophobie obsessionnelle sur son site et offre un tribune à de nombreux militants nationalistes aussi isolés qu’eux, comme Richard Roudier de la Ligue du Midi.

Fondé par Alain Soral en 2007, Égalité & Réconciliation avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais depuis, E&R n’est plus que le fan-club de Soral, qui se caractérise par un antiféminisme et un antisémitisme virulents. Le négationnisme peut en tout cas remercier E&R et Dieudonné qui auront contribué à faire connaitre ses thèses délirantes : ainsi, Robert Faurisson est devenu une « vedette » chez les « dissidents », et  Vincent Reynouard a pu étendre son auditoire.

Dans le sillage d’E&R, qui a mis le pied à l’étrier à certains d’entre eux, divers individus, comme Daniel Conversano ou Ismail Ouslimani alias Raptor Dissident, se sont fait un nom sur Internet à travers des vidéos dans lesquelles ils exhibent leurs racisme, leur sexisme ou leur amour du nazisme en toute décontraction.  De vieux briscards comme Henri de Lesquen, devenu dans un premier temps malgré lui une icône geek, peuvent parfois faire ainsi un come-back à moindre frais. Cet activisme virtuel, qui consiste principalement à s’inviter les uns les autres pour dire toujours la même chose, peut donner l’illusion d’une communauté soudée : mais l’égocentrisme de ces « stars » éphémères débouche davantage sur des embrouilles et des « clashs » que de véritables projets politiques.

La Horde

À Lille comme à Paris, l’extrême droite tue.

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Lu sur Lutte en Nord :

Alors qu’hier s’est ouvert le procès aux assises des assassins de notre camarade Clément Méric, il nous paraît important de rappeler certains faits de l’actualité récente dans lesquels se sont illustrées les organisations fascistes auxquelles appartenaient les assassins Esteban Morillo et Samuel Dufour.

Dès le lendemain du meurtre de Clément en juin 2013, l’ignoble ballet médiatique visant à renvoyer dos-à-dos victimes et assassins commençait. C’est alors qu’est mise en avant la fable de la  « guerre de gangs », une version soutenue par l’extrême-droite et dont le but est de créer une écoeurante symétrie entre un jeune militant syndicaliste révolutionnaire, luttant contre les discriminations et pour l’égalité sociale, et des bandes fascistes dont l’activité principale consiste à agresser, et parfois à tuer, ceux qu’ils identifient comme des adversaires : militants de gauche ou personnes racisées.

Aurélien Verhassel, proche de la bande de Serge Ayoub et chef de la section lilloise de génération identitaire, passera d’ailleurs en délibéré le 11 septembre pour avoir commis une agression raciste dernièrement à Lille.

En plus d’être une insulte aux proches de Clément, considérer sa mort comme résultante d’une banale “guerre des gangs” tend à masquer la réalité d’une extrême-droite structurée en réseaux interconnectés. Ce discours a aussi tendance à isoler ce meurtre d’une série d’actions violentes et mafieuses au coeur desquelles se trouvent pourtant les mêmes protagonistes, qui n’ont évidemment jamais été inquiétés par les dissolutions de 2013.

Les misérables gesticulations de Morillo, recouvrant ses tatouages fascistes, ne sauraient faire oublier qu’il s’agit bien d’un assassinat politique illustrant les méthodes habituelles de cette clique de nervis.

Depuis 2013, l’extrême droite n’a cessé de croître. Des résultats électoraux du FN au développement des groupuscules radicaux, nous traversons une phase de renouveau politique des organisations racistes et islamophobes. Depuis le mouvement homophobe de La manif pour tous, le nombre d’agressions commises par l’extrême droite ne cesse d‘augmenter ; des locaux identitaires et néo-fascistes ouvrent partout en France et des groupuscules royalistes que l’on croyait aux oubliettes réapparaissent.

Dans le nord de la France cela n’a pas été de tout repos, affaires de meurtres, de vente d’armes aux terroristes de l’hyper casher, ouverture d’un local “réservé aux blancs”… nous allons ici retracer une brève chronologie des évènements récents :

En 2013, lors de l’assassinat de Hervé Rybarczyk, à Lille c’est Claude Hermant qui domine le jeu, il est à la tête d’une organisation identitaire locale: la “maison flamande” (Vlaams huis),. C’est à cette période  qu’Hermant décide de fusionner la “maison flamande” avec les organisations “Troisième Voie” et “Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires” au sein du “Front Populaire Solidariste” . Troisième Voie et les JNR ont été créées et sont dirigées d’une main de fer le célèbre Serge Ayoub alias “batskin”.
A ce moment, Esteban Morillo, l’assassin de Clément, est membre de ces organisations. A Lille, Yohan Mutte et plusieurs skins de la maison flamande font quant à eux partis de la garde rapprochée d’Ayoub. Des liens se tissent entre l’extrême droite lilloise et parisienne et des passerelles évidentes apparaissent.

 

Aurélien Verhassel, actuel chef des identitaires lillois, est alors un des militants de la maison flamande. Il y côtoie notamment Yohan Mutte mais aussi Tomasz Szkatulski, un skinhead néo nazi régulièrement incarcéré pour des agressions de SDF. Ce dernier fonde alors la marque “Pride”, des vêtements ouvertement fascistes qu’il décide de vendre une boutique tenue par la clique Hermant: “Tribann”.

A ce moment les agressions sont épisodiques, attaques de bars gays, de lieux étiquetés politiquement à gauche, de personnes racisées… Mais les affaires vont s’accélérer et prendre un tournant beaucoup plus dramatique.

Serge Ayoub et Claude Hermant

Claude Hermant tout d’abord est inculpé pour trafic d’armes. Lui et plusieurs de ses proches (sa compagne, des militants d’extrême droite de la maison flamande, un salarié de sa friterie située rue Solférino..) sont arrêtés dans le cadre d’une enquête où il est mis en cause pour des ventes illégales d’armes dans le nord de la France et la Belgique. En effet, il s’avère que depuis des années Hermant vend des armes de guerre sous couvert d’être un “indic” de la gendarmerie.

Ce business, dont les recettes irriguaient très certainement la bande d’Hermant et celle d’Ayoub, s’arrête en janvier 2015 avec la tuerie de l’Hyper Casher. Les enquêteurs découvrent alors que les armes retrouvées sur le terroriste islamiste Amedy Coulibaly ont été fournies par Claude Hermant. Cette découverte provoque évidemment l’arrestation de celui-ci et de ses complices.

Une fois de plus  cette séquence révélera d’ailleurs les liens entretenus par l’extrême droite et la police. Celle-ci couvrira son “indic” quelques mois afin de se protéger jusqu’à finir par le laisser tomber. L’ambiguïté de cette relation n’est pas nouvelle et bon nombre de policiers fréquentent depuis toujours la maison flamande. Cette proximité permettra d’ailleurs à Claude Hermant d’obtenir en 2009 une liste de militants antifascistes interpellés au cours d’une manifestation par la police.

Suite à l’affaire Coulibaly, Hermant se retrouve malgré tout devant la justice, ses amis policiers le lâchent complètement et il écope d’une peine de 7 ans de prison. Il est encore actuellement incarcéré.

Une autre affaire dramatique va alors ressurgir. Il y a plusieurs années à Lille une série de décès vont se produire le long de la rivière de la Deûle, on découvre en quelques mois plusieurs cadavres noyés, certains portent la trace de coups, la rumeur prend de l’ampleur, on parle de crimes homophobes, d’un “pousseur de la deûle” etc. Très vite les médias et la police tiennent à calmer le jeu, ils nient toute probabilité d’assassinats, pour eux il s’agit de personnes ivres ou à tendances suicidaires, une triste série d’accidents sans aucun lien entre eux.

Ce n’est pourtant pas ce qu’il s’est passé, et il faudra plusieurs années pour que la vérité éclate au grand jour.

C’est une série de révélations sur des bandes ultra violentes d’extrême droite dans le nord et en picardie qui va permettre d’en savoir plus. Jérémy Mourain, proche d’Ayoub (encore lui), et membre des JNR est alors un ami proche de Yohan Mutte (membre de troisième voie, des JNR et de la maison flamande).

Diverses photos de Mutte, Mourain, Ayoub, et d’autres membres des organisations TV et JNR (dont est également membre Morillo, l’assassin de Clément Méric). Montage : La Horde

 

Suite à une série d’agressions et de règlements de compte, la justice commence à s’intéresser au groupe de Mourain (white wolf klan). Mourain finit par être jugé et incarcéré. Alors qu’il est en prison et sous écoute policière il téléphone à un ami et lui explique qu’il a tué quelques années auparavant une personne à Lille.

La police fait alors rapidement le rapprochement avec une affaire en cours, celle d’un des meurtres de la Deûle où elle soupçonne la bande Mourain/Mutte et comparses. Lisez à ce propos l’excellent article de MédiasCités

On découvre alors que non seulement la bande d’Ayoub et d’Hermant aurait tué une voir plusieurs personnes, mais que la police se serait rendue complice des agissements en couvrant partiellement ces agissements. En effet la police, pour des raisons qui nous échappent (et dont elle sera peut-être amenée à expliquer), aurait eu en main des éléments tenus secrets et aurait volontairement gommé la dimenssion politique de l’assassinat d’Hervé Rybarczyk.

La police va d’ailleurs être dessaisie de l’affaire au profit de la gendarmerie, on apprend alors dans l’article de médias cités :

Mais pourquoi donc la gendarmerie est-elle saisie de l’affaire ? Officiellement, il s’agit de porter un nouveau regard sur une enquête complexe. Mais en off, certains avancent que la police ne serait peut-être pas allée assez loin dans ses investigations. Voire que des policiers entretiendraient des relations très étroites avec l’extrême-droite identitaire“

Lors de ces dernières années de nombreuses autres affaires se sont déroulées, attaque du kebab “Aspendos” à Wazemmes par une bande d’extrême droite menée par les identitaires auxquels se joignent des hooligans du Losc, agressions de personnes non blanches rue Masséna, attaque de militants communistes, agressions de militants LGBT, attaques de migrants ou de bénévoles à Calais par le groupe Sauvons Calais (dont le chef Kévin Rêche est un ami de la quasi-totalité des personnes mentionnées ci-dessus), etc. Une chronologie détaillée et exhaustive serait longue, mais une brève recherche sur le net et dans la presse régionale permet de constater les visées criminelles et racistes de ces militants d’extrême droite.

Avec l’incarcération d’Hermant et la fin de la maison flamande, un espace se libère à l’extrême droite. Aurélien Verhassel, dont nous avons brièvement parlé précédemment, va alors en profiter pour développer un nouveau groupe identitaire sur les ruines des précédents : c’est ainsi qu’apparaît la section lilloise de génération identitaire, conglomérat d’anciens de la maison flamande, de Troisième voie, des JNR, etc. On change le nom mais l’on garde les mêmes méthodes. Yohan Mutte est un ami de Verhassel, il sera présent aux premières réunions de ce nouveau groupe. Son ami Willy, un autre skin néo nazi, est lui aussi un membre très actif de GI et s’investit dans l’édification de leur local ouvert en 2016 : La Citadelle.

Verhassel, qui dirige La Citadelle, n’hésite pas à présenter ce local comme “réservé aux blancs”. Malgré son apparence policée il est lui aussi mêlé à des affaires d’agressions racistes. Dans l’une d’entres elles il encourt d’ailleurs 8 mois de prison ferme, verdict en septembre.

Les témoignages mettant en cause des militants de Génération Identitaire se multiplient depuis l’ouverture de leur local. Que ce soit à Lille à Arras où ailleurs, ils n’hésitent pas à faire le coup de poing comme lorsqu’ils ont attaqué en 2018 des étudiants grévistes de l’Université Lille 2. La façade a changé mais les méthodes sont les mêmes et ceux qui ont tué Clément hier sont les mêmes qui ratonnent dans les rues de Lille et de Paris aujourd’hui.

A travers ce texte nous voulons établir une filiation entre le passé et le présent, entre les assassins de Clément et ceux qui à Lille ou à Paris n’hésitent pas à taper les noirs et les arabes, les LGBT et les militants progressistes. Agresser en groupe est une pratique récurrente pour l’extrême droite. Contrairement à ce que soutiendra certainement Morillo et une partie des journalistes : la mort de Clément Méric n’a rien d’accidentelle, elle est résulte uniquement de la tactique préconisée par Ayoub et Hermant hier et par Verhassel aujourd’hui.

Enfin, nous voulons insister sur le fait que les dissolutions de 2013 ont été un coup d’épée dans l’eau, et l’exemple lillois est d’ailleurs probant : le bar raciste La Citadelle a remplacé l’ancienne « maison flamande ».

Si nous insistons sur ces lieux c’est qu’ils occupent une place centrale dans la structuration locale de l’extrême droite : ils permettent aux militants de se rencontrer, de discuter et de s’organiser pour frapper. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les agressions de Lille 2 mentionnées précédemment ont été commises par un groupe de Génération Identitaire qui s’est retrouvé à La Citadelle pour commettre son méfait.

Les meurtres de Clément et d’Hervé n’ont donc rien d’accidentel. Ils découlent d’une logique :  la violence comme moteur de groupes se revendiquant racistes et fascistes.

Lutte en Nord

Serge « Batskin » Ayoub ou l’art de l’esquive

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Alors que s’est ouvert mardi dernier le procès des présumés assassins de Clément Méric, et que Serge Ayoub est convoqué comme témoin dans cette affaire, un retour  sur ce médiatique chef de bande d’extrême droite n’est pas inutile, d’autant que depuis la mort de Clément, d’autres affaires sont sorties avec des anciens militants de Serge Ayoub : c’est donc aussi l’occasion de faire le point sur ses dernières apparitions et sur son club de bikers.

Fuyant ses responsabilités, tant vis-à-vis de ses camarades qu’à l’égard de la justice, Serge Ayoub s’est fait porter pâle pour toute la durée du procès, tout en multipliant les provocations dans la presse d’extrême droite, au mépris de toute dignité. Espérons malgré tout qu’il finira par devoir s’expliquer : en attendant, voici d’une part un rapide rappel de son parcours, qui tout au long de la trentaine d’années de ses activités, a toujours mêlé délinquance et activités néonazies, et d’autre part une description plus précise de ses activités des cinq dernières années.

Ayoub à ses débuts

Le site antifasciste REFLEXes avait publié ici en juillet 2013 un portrait très détaillé du personnage, depuis ses premiers pas en politique jusqu’à la mort de Clément, dont voici un rapide résumé.

Ce fils de magistrate a adopté dès son adolescence le style bonehead (skinhead d’extrême droite). Au début des années 1980, il est déjà chef de bande et essaie de jouer les terreurs à Paris, dans les quartiers Luxembourg et Saint Michel. En même temps, il se retrouve avec sa bande dans des mouvements politiques où les expériences de travail commun ne fonctionneront que quelques mois.

Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires version années 90 avec Serge Ayoub, Batskin

Les JNR version années 1990.

Au sein du mouvement Troisième Voie, il lance les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, mais l’expérience commune ne dure que deux ans, et les JNR continuent leur route seuls. Ayoub essaie de recruter au Parc des Princes, le stade du club de football du PSG, avec un club de supporters, le Pittbull Kop. Après les JNR, au milieu des années 1990, il se met au « vert » en entrant déjà dans un club de bikers, mais se fait arrêter en mars 1997 pour possession et vente de drogue (de la métamphétamine), et on ne le revoit plus pendant quelques années.

Au milieu des années 2000, il refait surface dans l’Hexagone, et c’est alors qu’il participe à la première université d’Egalité & Réconciliation en 2007. Il devient gérant du Local à Paris où toutes les familles de l’extrême droite vont passer une tête. Au début des années 2010, il reprend le mouvement Troisième Voie et relance les JNR : il arrive à attirer à lui de jeunes et vieux skins d’extrême droite aux quatre coins du pays, et organise des défilés où se retrouve toute la petite famille. Il reprend aussi l’organisation du C9M à Paris, une marche en souvenir de la mort de Sébastien Deyzieux, un militant de l’Œuvre française décédé en 1994 lors d’une manifestation.

En 2013, Troisième Voie est déjà en perte de vitesse, et le 5 juin, des militants de cette organisation sont impliqués dans le meurtre de Clément. Ayoub décide d’auto-dissoudre ses mouvements Troisième Voie et Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire.

Serge Ayoub ne connaît pas ses militants…

Régis Kerhuel ancien copain de Serge Ayoub aux Jeunessses Nationalistes Révolutionnaires

Régis Kerhuel aux JNR dans les années 90

Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et Troisième Voie version années 2010 ne comptent que quelques dizaines de militants : pourtant leur chef dit qu’il ne connait par leurs activités, et si des problèmes avec la justice arrivent, il les laisse tomber. Et ce n’est pas la première fois. Avant cette période, un de ses anciens potes, Régis Kéruhel, du Pittbull Kop et des JNR avait été accusé du meurtre d’un mauricien au Havre : lors de son procès en 2000, Ayoub devait lui servir d’alibi ; mais Batskin s’est désolidarisé de son ancien pote en affirmant qu’il n’était pas en France à cette époque.

Après le meurtre de Clément, il affirmait ne pas connaître Esteban Morillo et Samuel Dufour accusés dans le meurtre de Clément, tous deux membres de Troisième Voie. Pourtant, dans la soirée du 5 juin 2013, alors que Clément agonise à l’hôpital, il passe son temps au téléphone avec eux, et les accueille dans son bar, le Local. Le commissaire de la brigade criminelle, lors de son témoignage au procès des agresseurs de Clément, pense qu’il essaye ainsi de protéger son organisation et d’aider ses militants : il est plus probable, à la lumière de son attitude ultérieure, qu’il cherchait surtout à sauver sa peau, et à être le moins impliqué possible dans cette histoire.

Depuis, d’autres militants des JNR et de 3ème Voie ont été soupçonnés de meurtres ou de règlements de compte violents.  En 2015, en Picardie, le White Wolf Klan, une bande de militants d’extrême droite était démantelée pour des vols, des agressions, des trafics mais aussi pour des règlements de compte envers d’autres groupes d’extrême droite de la région. Leur chef, Jérémy Mourain, faisait parti des JNR et se retrouvait régulièrement dans les défilés organisés par Troisième Voie ou au Local à Paris, et il était en lien très étroit avec un autre militant des JNR du Nord, Yohan Mutte. Lors du procès des WWK, Serge Ayoub était entendu sur ses relations avec Mourain, et il s’en sortira encore une fois sans être inquiété. Voir l’article sur le WWK.

Ayoub à la tribune, à droite sur la photo Jérémy Mourain et à ses cotés Yohan Mutte

Ayoub à la tribune, à droite sur la photo Jérémy Mourain et à ses cotés Yohan Mutte

Yohan Mutte dans le local des Black Seven France quelques jours avant son interpellation

Yohan Mutte dans le local des Black Seven France quelques jours avant son interpellation

En 2017, c’est au tour de l’ancien JNR du Nord Yohan Mutte d’être interpellé suite à des noyades « inexpliquées » dans le canal de la Deûle dans le Nord, parmi les victimes Hervé Rybarczyk. Là encore on entend parler des JNR : Yohan Mutte était, quelques jours avant son interpellation en 2017, au local du club de bikers de Serge Ayoub près de Soissons, lors d’un soirée Saint Patrick. Voir ici

Ayoub et son club de bikers “apolitique”

Suite aux dissolutions des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et de Troisième Voie, Serge Ayoub se recycle une nouvelle fois, comme à la fin des 1990, dans un club de bikers. Le club ouvre un local en Picardie à Berzy le Sec près de Soissons, ses membres se font appeler les Praetorians avant de devenir les Black Seven France, et de rejoindre l’organisation internationale de bikers les Gremium MC. A leur début, et encore aujourd’hui, sous le nom de Praetorians puis Black Seven France, le club est composé majoritairement d’anciens militants des JNR. L’activité du club ne se résume qu’à des sorties lors de rassemblements de bikers (surtout en Allemagne chez les Gremium MC) et à l’organisation de concerts dans leur local près de Soissons. Les concerts dans ce local ont attiré des groupes de différents style de musique,  du rockabilly au rap en passant par le black métal et la techno hardcore, dont certains avaient un positionnement idéologique sans ambiguïté. Lire sur le sujet des articles que nous avons publiés ici et .

En Allemagne les bikers du Gremium MC sont assez suivis par les antifascistes outre Rhin, car ces clubs ont accueilli des néons nazis, comme le raconte un article de 2012 à ce sujet du fanzine A Bloc.

Les Black Seven France ont permis aussi d’accueillir quelques têtes connues à l’extrême droite.

Parmi eux les frères Bettoni : c’est leur ancien comparse Sébastien Favier dit “Sanglier” qui aurait fait le lien entre Ayoub et les Bettoni. Sébastien Favier est ancien JNR qui s’était fait remarquer à différentes reprises à Besançon, dans le Doubs, après avoir commis différentes agressions dans la région, tout en participant à divers organisations d’extrême droite localement. Julien et Marc Bettoni, eux, se sont illustrés après avoir commis des agressions dans cette région, mais c’est surtout la photo où ils posent cagoulés avec des fusils à pompe devant une bannière Blood & Honour C18 qui les a fait connaître. Le Blood & Honour C18 se disait prêt “à mener des actions ciblées avec un message fort et couvrir le terrain dans la durée. Une action isolée n’a aucun impacte alors qu’une action répétée sur plusieurs mois instaure la peur.” L’action peut se faire avec de simple affichage ou tag mais peut aller jusqu’à des actions beaucoup plus radicales. Voir les articles sur le sujet sur le site fafwatch Franche Comté. Ces deux frangins ont donc trouvé une nouvelle maison chez les Black Seven.

Le Blood & Honour C18 avec les frères Bettoni

Le Blood & Honour C18 avec les frères Bettoni

Une autre personne “intéressante” a suivi Ayoub dans cette aventure de bikers : son « chef sécurité » Stéphane Bizot. Ce n’est pas un inconnu pour les militant-e-s antifascistes parisien-ne-s de longue date, puisqu’on le retrouvait déjà aux cotés des Jeunesses Identitaires lors d’une confrontation avec des antifascistes sur un marché du Cours de Vincennes en 2004 . Il s’était également présenté, lors d’élections, sous l’étiquette du Mouvement National Républicain de Bruno Mégret en 2002 dans le Val de Marne. Ce monsieur avait essayé de pousser la chansonnette dans un groupe RAC de Trash Métal, Durandal, avec des titres assez évocateurs comme “Soleil Noir” ou “La Peste Brune” et qui, dans une démo de 1996, reprenait les tubes des groupes néonazis Evil Skin et Skrewdriver. C’est sans doute avec son aide que des groupes de black metal peuvent jouer au local des Black Seven.

En partant de la gauche Julien Bettoni, un inconnu, Marc Bettoni, Stéphane Bizot, Ayoub et à l'extrême droite Sébastien Favier

En partant de la gauche Julien Bettoni, un inconnu, Marc Bettoni, Stéphane Bizot, Ayoub et à l’extrême droite Sébastien Favier aux cotés d’Hugo Lesimple ancien d’Egalité & Réconciliation.

Il faut reconnaître que les activités politiques publiques de ce club de bikers ne se résume plus à grand-chose, à part quelques soirées dans leur local ou encore la présence de quelques-uns de leurs membres pour assurer la sécurité aux journées de Synthèse Nationale le 1er octobre 2017, qui rassemblent la fine fleur de l’extrême droite la plus radicale. Mais c’est surtout leur président Serge Ayoub qui fait des apparitions publiques : on le retrouve justement à la journée de Synthèse Nationale mais également répondre à des interviews pour Radio Libertés ou Sputnik, l’agence de presse pro-russe. Il a sorti récemment un bouquin chez la maison d’édition d’Egalité & Réconciliation, Kontre Kulture, et devrait très prochainement bénéficier de sa propre émission sur la webradio du mouvement d’Alain Soral. La veille du procès des agresseurs de Clément, le quotidien national-catholique Présent publiait une interview de Ayoub, suivi ce 5 septembre d’une interview sur Breizh Info où il affirme à propos de son dernier livre : « J’y dresse les bases d’un programme politique, avant d’expliquer pourquoi nous allions prendre le pouvoir ». S’il est trop malade pour se rendre au procès, il trouve le temps de répondre à des interviews…

Ayoub avec la fine fleur de l'extrême droite, à la journée de Synthèse Nationale le 1er octobre 2017

Ayoub avec la fine fleur de l’extrême droite, à la journée de Synthèse Nationale le 1er octobre 2017 (deuxième à gauche sur la photo).

Même si Serge Ayoub reste très isolé au sein de l’extrême droite, et que beaucoup se méfient de lui comme de la peste (brune), il peut toujours compter sur le soutien de Roland Helié et avec la légende qu’il a réussi à forger autour de son nom, il garde toujours un attrait pour certains jeunes militants en manque d’idoles. On l’a vu par le passé, il arrive toujours à endoctriner des esprits faibles, quite à les laisser sur le bord de la route en cas de problème ; et même si son club de bikers ressemble en apparence à d’autres clubs du genre, il est quand même composé d’éléments qui ont un passé assez lourd à l’extrême droite. Espérons qu’à l’avenir, d’autres amis d’Ayoub semblables à Régis Kéruhel, Esteban Morillo, Samuel Dufour, Jérémy Mourain ou Yohan Mutte, ne soient plus responsables de drames aussi révoltants que l’agression mortelle de notre camarade Clément.

La Horde

Ayoub, skin d’influence (émission de Radio Parleur avec la Horde)

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Après le meurtre de Clément, il affirmait ne pas connaître Esteban Morillo et Samuel Dufour. Pourtant, dans la soirée du 5 juin 2013, alors que Clément agonise à l’hôpital, Serge Ayoub passe son temps au téléphone avec eux, et les accueille dans son bar, le Local. Ce n’est pourtant pas la première fois que son nom revient dans ce genre d’affaire… Radio Parleur est allé brosser le portrait de Serge Ayoub avec un militant de La Horde.

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